Art à composantes informatiques

Introduction

Aucun champs de la préservation ne change plus rapidement que celui du numérique. Les conservateurs ont eu des décennies, même des siècles, pour apprendre comment traiter les fresques ou les statues de marbre. Or beaucoup d'oeuvres d'art numérique sont basées sur des technologies inventées il y a à peine dix ans et qui deviendront vraisemblablement obsolètes d'ici cinq ans. Les logiciels nécessaires pour rétablir les programmes deviennent obsolètes, les systèmes d'exploitation sont remplacés, et les supports de stockage sont améliorés à une vitesse croissante. Tous ces facteurs "conspirent" pour mettre l'information numérique en danger.

Conserver une œuvre à composantes informatiques est plus complexe que la simple préservation des fichiers numériques. Ce qui doit être sauvé pour le futur ce n'est pas seulement les données, mais toutes les nuances de la vision d'un artiste. Et le temps presse. Comme l'a dit Richard Rinhart, responsable pour les médias numérique au Berkeley Art Museum and Pacific Film Archive, "Avec l'art numérique, il n'est pas possible de passer entre les mailles du filet. Si vous ne faîtes pas quelque chose pour le préserver dans les cinq ans, il ne survivra pas."

Meilleures pratiques

Meilleures pratiques

L'art à composantes informatiques est parmi les formes d'art les plus éphémères. Non seulement les fichiers sont sujets à une rapide obsolescence, mais les logiciels (software), le matériel (hardware) et les systèmes d'exploitations dont on a besoin pour lire ces fichiers ont eux aussi une longévité réduite. Les systèmes d'aujourd'hui peuvent devenir des technologies du passé en l'espace de quelques années, et potentiellement condamner une œuvre importante à une mort prématurée.

De par le monde, des artistes, des programmeurs, des archivistes et des conservateurs travaillent pour créer des stratégies de préservation pour ces pratiques artistiques d'une importance capitale. Un grand nombre d'initiatives majeures s'attellent à répondre aux problèmes de documentation, d'authenticité et de préservation des intentions de l'artiste ainsi qu'à d'autres questions cruciales. Mais la conservation des œuvres à composantes informatiques est un champs de recherche encore nouveau. Bien qu'il s'inspire des pratiques et des philosophies qu'ont eues les conservateurs durant des décennies, la préservation numérique ne possède pas toujours des standards et des pratiques clairement définies — en partie à cause de la jeunesse du médium et aussi parce que sous le titre "à composantes informatiques" se retrouve un large éventail d'œuvres très différentes.

Aussi, le document qui suit ne peut être considéré comme un guide des "Meilleures Pratiques" au sens strict. Il n'y a ici ni restrictions ni obligations — uniquement des principes de base qui aideront à déterminer les meilleures mesures à prendre pour chaque situation. Ce document est un travail en cours — conçu pour présenter les questions fondamentales que ces œuvres font naître et pour rassembler les recherches les plus récentes dans le domaine.

Documentation

Documentation

La documentation est le processus de collecte et d'organisation des informations concernant l'oeuvre — y compris son état, son contenu et les actions effectuées pour la préserver.

La nature interactive de beaucoup d'œuvres à composantes informatiques implique que sa documentation doit couvrir un champs plus vaste de données que pour les œuvres vidéo monobande ou pour les films conventionnels. Le catalogage requiert non seulement de collecter les données concernant les fichiers numériques qui composent l'œuvre — ce que l'on appel les métadonnées — mais aussi les informations à propos du comportement de l'œuvre — c'est à dire ce qu'elle fait.

Comportement

L'art à composantes informatiques qui est interactif ou basé sur le temps a des comportements uniques qui doivent être documentés si on veut préserver l'œuvre correctement. Le point de départ idéal pour documenter le comportement est l'artiste. Mener une interview d'artiste ou lui soumettre un questionnaire est devenu une pratique de plus en plus commune dans les institutions possédant une collection.

Ces interviews comprennent des questions du type :

Quelle est l'histoire de la production de l'œuvre?

Quel logiciel, matériel et système d'exploitation ont été utilisés pour créer l'œuvre?

Quelle est l'essence de l'œuvre? Quels sont les aspects qui doivent absolument être maintenus au travers du processus de préservation pour que l'œuvre soit considérée comme intacte?

Quels changements spécifiques sont acceptables, s'ils sont nécessaires pour garder l'œuvre en vie?

Quelles sont les limites physiques et conceptuelles de l'œuvre? Quels sont les composantes pouvant être considérées comme essentielles et à l'inverse celles pouvant être remplacées (p. ex., des magnétoscopes devenus obsolètes)?

Quels sont les comportements importants de l'œuvre et l'aspect qu'elle doit nécessairement avoir? Quelles caractéristiques, si elles étaient perdues, devraient nous faire considérer l'œuvre comme "morte"?

Ces informations seront cruciales dans l'éventualité où le médium original d'une œuvre devenait obsolète.

Une autre composante utile de la documentation concerne la façon dont le public interagit avec l'œuvre. Interviewer des membres de l'audience, réaliser des captures d'écran avec des images fixes ou des captations vidéo, copier les répertoires et sous-répertoires de l'œuvre, utiliser des diagrammes ou un bref récit de l'œuvre pour résumer les interactions ou échanges particuliers avec l'œuvre, tout cela aidera pour une future installation de l'œuvre. (Gardez à l'esprit que ce genre de documentation possèdes ses propres besoins en termes de préservation.)

D'autres formes de documentation sont également importantes. Collecter des documents en relation avec la création, l'exposition et la réception critique de l'œuvre, comme les feuillets, livrets et plans d'exposition, portfolios, ou encore photographies de son installation ou de son exposition.

Pour des informations supplémentaires sur la documentation de l'art à composantes informatiques et des nouveaux médias, sur les standards et schémas de description actuellement développés, consultez le Capturing Unstable Media project du V2_Organisation, la Database of Visual Art de la Danube University Krem, Le Réseau des Médias Variables et la ArtBase de Rhizome.

Métadonnées

Les métadonnées comme mentionné plus haut, sont des données à propos de données, documentant des informations techniques à propos d'un fichier numérique — toutes depuis les plus basiques comme la date et le format de création jusqu'aux informations se rapportant aux codecs, à la compression, etc.

Si les stratégies de documentation abordées plus haut sont développées au sein du monde de l'art, les métadonnées sont également importantes pour les bibliothèques, les archives, les entreprises, les agences gouvernementales — toute entité ayant à traiter des informations importantes sous forme numérique. Ce sont des groupes comme ces derniers qui ont mis en place les standards et schémas de métadonnées.

Toutefois, dans le monde de l'art numérique :

Gardez en tête que mis à part l'obsolescence des formats et du matériel, l'erreur humaine et une mauvaise prise en charge des fichiers est le danger le plus important pour la préservation des œuvres numériques. Il est essentiel de collecter des données à propos des fichiers et de leur emplacement avec soins et de façon systématique afin d'assurer leur longévité.

Pour obtenir une documentation approfondie des différentes composantes complexes et interdépendantes qui constituent ces œuvres, il est essentiel de faire un inventaire au niveau de la pièce, de chaque fichier vidéo, audio, mais aussi des logiciels, du matériel et des systèmes d'exploitation nécessaires pour lire les fichiers. Il est tout aussi important que l'œuvre et chaque pièce d'archives lui étant associée soient interreliée dans la base de données afin de pouvoir identifier toutes les parties d'une même œuvre. Cela peut-être fait en créant un identifiant unique pour chaque œuvre et en utilisant des variantes de ce dernier pour chacune des différentes parties.

Un document décrivant le contenu de l'œuvre devrait être créé, avec une description individuelle pour chaque fichier lui étant lié. Des descriptions séparées au niveau de la pièce pour les fichiers sont nécessaires car les fichiers numériques auront des métadonnées d'ordre technique et des informations de création différentes. S'il y a plusieurs versions d'un fichier numérique (par exemple, fichier de travail ou fichier final), les données descriptives doivent permettre d'identifier quel fichier est le fichier final ou "authentique" devant être utilisé pour recréer l'œuvre ou la montrer.

En général, les métadonnées peuvent être divisées en quatre catégories générales : descriptives (décrivant le contenu de l'œuvre) ; techniques (décrivant la création technique du fichier et ce qu'il faut pour le lire) ; de préservation ; et administratives (qui inclues des informations sur la manière dont l'œuvre à été acquise et sur les droits qui lui sont affiliés).

La liste de champs plus bas donnera une idée de ce qu'englobe chaque catégorie - et combien de données il est nécessaire de récupérer.

Descriptive

(Les données descriptives doivent composer l'enregistrement de "l'œuvre" ; l'information contenue dans cet enregistrement est applicable à chaque version du fichier numérique.)

un identifiant unique
numéro d'acquisition de l'œuvre
titre
titre(s) altérnatif(s)
artiste(s)/créateur(s)/développeur(s)/designeur(s) (contributeurs principaux et équipe technique)
date de l'œuvre finale
description sommaire de l'œuvre
sujet/genre (descripteurs du contenu pouvant aider à trouver l'œuvre)

Technique

taille du fichier
génération (important lorsque vous voulez indiquer que le fichier est un clone et que vous souhaitez pouvoir tracer le nombre de copies existantes)
version (p. ex. , est-ce un fichier de travail ou un fichier final ; utilisé pour identifier l'authenticité)
partie d'un autre fichier édité
format du fichier
date de création (du fichier, pas de l'œuvre finale)
profile colorimétrique : RVB ou CMJN (couleur) ou valeur de gris/monochrome (noir et blanc)
nombre d'images par seconde
schéma de compression (si applicable)
taux de compression
sonore ou muet
matériel utilisé pour créer le fichier
logiciel/application/programme utilisé pour créer le fichier
matériel requis pour lire le fichier
logiciel requis pour lire le fichier
autres équipements nécessaires pour visualiser le fichier
distinguer les composants propriétaires, open-sources et uniques
installation (si applicable)
navigateurs compatibles
systèmes d'exploitation requis
plug-ins nécessaires

Préservation

notes d'inspection
qui a réalisé l'inspection
description de la documentation
notes de conservation (incluant les mesures de conservation prises et par qui elles l'ont été)
support physique de stockage
emplacement physique d'entreposage
emplacement du serveur de sauvegarde
date de la dernière sauvegarde

Administrative

date d'acquisition
mode d'acquisition (don ou achat)
éditeur de l'œuvre
détenteur des droits
restrictions

Recommandations générales

Nommer les fichiers

À la création de chaque fichier, suivez les conventions de nommage établies et assurez-vous d'ajouter l'extension du fichier. Ces conventions doivent être établies au début du projet. Le nom du fichier peut être basé sur l'identifiant unique. Le plus important étant que le nom du fichier soit unique, qu'il ne soit pas dupliqué dans un autre projet ou ailleurs sur vos serveurs. Ne donnez pas aux fichiers des noms très basiques qui pourraient potentiellement désigner plusieurs fichiers différents (p. ex., 001.tif, 002.tif, etc.).

Étiquetage des équipements et des supports

Les dispositifs matériels pour lire, archiver, ranger et entreposer des œuvres - comme des disques dur, des Zips et des écrans — peuvent être identifiés avec des étiquettes utilisées pour les objets d'archives. Des supports de stockage comme les disquettes, les Zips ou les disques optiques peuvent être identifiés avec des étiquettes sans acides, indiquant le numéro d'identification unique de l'œuvre correspondante.

Gardez à l'esprit que l'adhésif des étiquettes peut sécher et qu'elles peuvent se détacher. Les supports optiques comme les CDs ou les DVDs devraient être rangés dans des boîtiers en polyproplylène avec des étiquettes en papier sans acides. L'identifiant unique d'une œuvre devrait être écrit sur la partie centrale en plastique transparent du disque avec un feutre marqueur pour les archives, sans-solvant, à base d'eau et à encre indélébile.

Les jaquettes du boîtier devraient comporter les informations suivantes :

Identifiant numérique unique

titre(s)

format(s) de fichiers

artiste/créateur

date de création de la copie

étape ou version de l'œuvre

Inspection

Inspection

L'inspection est le processus de récolte d'informations détaillées sur un fichier, en prévision de sa migration vers de nouveaux formats. Ce moment est aussi celui où l'on vérifie le statut d'œuvres déjà préservées ou devant l'être.

Dans le monde analogique, les œuvres sont régulièrement inspectées afin de détecter les signes d'une détérioration des objets matériels. Dans le contexte des médias numériques, l'inspection des éléments consiste à vérifier régulièrement qu'ils fonctionnent. Il est important de se demander, par exemple, si le logiciel et le système d'exploitation sont fonctionnels et toujours en mesure d'assurer l'intégrité de l'œuvre. Ce genre de tests d'inspection ne peuvent être réalisés sans le matériel (hardware) approprié. Ces équipements eux aussi ont besoin d'être inspectés afin de s'assurer qu'ils sont pleinement fonctionnels. L'inspection révèle quelles mesures de conservation et de préservation sont nécessaires.

Les caractéristiques suivantes ou attributs basiques des œuvres à composantes informatiques devraient être examinés et décrits dans le catalogue durant l'inspection :

Vitesse de fonctionnement de la pièce ; la navigation de l'œuvre paraît-elle lente ou rapide? (Ayez à l'esprit qu'une œuvre peut être intentionnellement programmée par l'artiste pour être exécutée à une vitesse spécifique.)

- Disposition des images et/ou du texte
- Lisibilité des images et/ou du texte
- Fonctionnement des hyperliens
- Étalonnage/calibration des appareils de visionnage

Inspection courante

L'évolution rapide des technologies et le danger de l'obsolescence exige une inspection et une évaluation régulière de l'intégrité d'une œuvre à composantes informatiques — l'œuvre en tant que système interopérable de données, de formats de données, de logiciels et de matériel.

Il est dur de déterminer la périodicité avec laquelle les composants devraient être inspectés. Souvent, les mises à jours de logiciels ne sont pas compatibles avec les versions précédentes, rendant une grande quantité d'informations numériques obsolètes en un temps très court et sans avertissements préalables.

Idéalement, les inspections sont effectuées régulièrement tous les six mois. Bien sûr, cela n'est pas toujours faisable, mais lorsqu'on intègre une œuvre à composantes informatiques dans une collection, une inspection périodique devrait toujours être considérée comme faisant partie des responsabilités de l'institution envers l'œuvre.

Testez l'œuvre dans son environnement original ainsi que dans le dernier environnement disponible utilisant la dernière version d'un logiciel, système d'exploitation et/ou matériel. Conservez plusieurs copies du logiciel original. Ces tests sont de bonnes opportunités pour évaluer les risques et pour considérer quelles mesures seront nécessaires lorsque l'œuvre devra être migrée.

Stockage des données

Stockage des données

Stocker des médias numériques sur un système redondant de disques durs (tel que RAID-6) ou sur un serveur, duplique vos données et les garde en relative sécurité dans la mesure où il est bien géré. C'est l'option la plus onéreuse.

Le prix au mégaoctet ayant diminué, un seul disque dur externe est une solution abordable et assez fiable pour stocker les éléments d'une œuvre numérique.

Redondance

La redondance est la clé étant donné qu'un disque dur peut tomber en panne. Il est recommandé que vous sauvegardiez l'œuvre sur au moins deux disques durs et que vous en laissiez un dans un rayonnage, de préférence dans un lieu différent en cas de sinistre. Ou mieux encore, avoir une redondance sur plusieurs formats : des fichiers sur des HDDs aussi bien que sur des bandes. De même, il est judicieux de rassembler les fichiers et les liens externes qui peuvent être répartis sur plusieurs serveurs et/ou dossiers pour maintenir la provenance de l'œuvre et exercer un contrôle plus important sur les composants individuels. C'est une étape essentielle dans la préservation des sites web.

Si votre institution en a les moyens, il est également bon de sauvegarder les données sur un support magnétique de stockage informatique tel que le Linear Tape-Open (appelé bande LTO), entreposé de préférence hors les murs. Cela requiert d'être connecté à un réseau local où sont réalisées des sauvegardes sur bande. Il est recommandé que vous stockiez les données sur des supports différents utilisant différentes technologies, afin que votre archives ne dépende pas que d'une seule technologie.

Les supports de stockages amovibles devraient être constamment conservés au frais, au sec et éloignés de la lumière directe du soleil ainsi que d'importants champs magnétiques. L'air ne doit pas contenir de saletés, de poussières ni de substances chimiques.

Des boîtiers inertes en polypropylène pour les disques durs externes et les disques optiques offre une protection supplémentaire. Entreposez les disques verticalement dans des boîtiers cristal en plastique sans acide. Les supports de stockage devraient être conservés sur des rayonnages lorsqu'ils ne sont pas utilisés. Laisser un média dans un lecteur pendant une longue période peut entraîner une hausse de la température et des dommages mécaniques.

Renforcer la sécurité de la collection en vous assurant que les fichiers n'autorise que leur lecture et non leur écriture, et qu'un nombre limité de conservateurs de confiances a accès à l'œuvre originale.

Pour la consultation, copiez l'œuvre sur des disques compacts enregistrables.

À propos des DVD-Rs et CD-Rs d'"archivage" gold
les disques optiques sont vulnérables aux rayures, à la chaleur et à l'humidité. Ils peuvent se délaminer à la chaleur. De même, l'humidité peut détruire un disque si de la moisissure arrive à la couche adhésive d'un DVD-R à travers des bords qui se détachent. Les disques optiques gold ont une couche réflective de 24 carats inoxidable et qui ne se ternie pas et utilise un colorant phtalocyanine organique qui selon des études indépendantes, a la plus longue espérance de vie parmi les colorants photosensitifs. Le colorant est sujet aux dégradations après une longue période, spécialement si le support optique est laissé dans un lieu éclairé. La lumière peut décolorer le support, ce qui peut causer des problèmes lorsque le laser essaye de lire l'information enregistrée sur le disque.

Entreposage des équipements

Tout comme les disques durs et les disques, l'équipement informatique et les moniteurs devraient être constamment conservés au frais et au sec, ainsi qu'à l'abris des contaminants en suspension dans l'air.

Actions de préservation

La préservation se réfère au processus global par lequel le contenu d'une chose est sauvegardé et sa viabilité à long-terme assurée.

La migration — transférer de l'information numérique d'une configuration matérielle et logicielle vers une autre — fait inévitablement partie du processus de préservation.

Évaluer les risques: Le triage

Utiliser un inventaire au niveau de la pièce, évaluer chaque composant en termes de risques, de détérioration ou d'obsolescence.

Distinguer si les formats des fichiers sont propriétaires ou open-source. Qui a développé le standard, quand, à qui appartient-il maintenant? Quel logiciel est nécessaire pour lire/voir le fichier? Le format est-il toujours supporté?

De façon similaire, évaluez la capacité de l'équipement matériel à faire fonctionner l'œuvre. L'application logicielle est-elle toujours supportée? Des installations particulières ou des plug-ins sont-ils requis? Quelle est la hiérarchie et l'infrastructure générale de l'œuvre?

Quels sont les besoins pour montrer l'œuvre? Décrivez l'"aspect" de l'œuvre. Quelles sont les qualités formelles de l'œuvre (contenu de l'image et qualité d'image)? Quelles sont les instructions de l'artiste pour l'installation?

Quelles sont les fonctionnalités de l'œuvre? Décrivez le "ressenti" de l'œuvre. Comment l'utilisateur interagit-il avec l'œuvre? Quelles sont les variables?

Concentrez les efforts initiaux de préservation vers les œuvres connaissant une détérioration physique ou incluant des composants propriétaires qui ne sont plus d'actualité ou plus maintenus par l'industrie.

Stratégies de préservation


Migration

La migration (reformatter et rafraîchir) est une parade contre l'obsolescence ou la détérioration des médias. Il y a plusieurs niveaux de migration. Pour maintenir l'intégrité et la fonctionnalité originale de l'œuvre, vous pouvez utiliser les parties matérielles et logicielles avec un nouveau système d'exploitation ou vous pouvez transférer un format de fichier obsolète vers un format plus récent.

Émulation

L'émulation implique la recréation de l'environnement technique requis pour voir un fichier. Cela est réalisable en conservant les caractéristiques des parties matérielles et logicielles requises afin que le système puisse être recrée par de futurs systèmes pour émuler l'environnement original. Avec cette approche vous n'avez pas besoin de migrer les fichiers, mais en revanche des émulateurs doivent être crées pour chaque configuration logicielle et matérielle, ce qui peut être coûteux.

Encapsulation

L'encapsulation groupe un objet numérique avec tous les composants nécessaires pour pouvoir accéder à cet objet. Dans l'encapsulation, les structures physiques ou logiques appelées "conteneurs" ou "adaptateurs" fournissent de l'information sur les relations entre toutes les données et tous les composants des applications logicielles. L'encapsulation tend à surmonter le problème de l'obsolescence des formats de fichiers en incluant des détails sur la façon d'interpréter l'information originale et les possibilités de recréer l'œuvre originale.

Il est cruciale de documenter dans le catalogue toutes les mesures de préservation prises ainsi que les expérimentations. Cependant l'archiviste doit proscrire toute modification compromettant la fonctionnalité globale de l'œuvre ou son apparence. S'il y en a, tous les changements intervenant devraient être minutieusement documentés et expliqués.

Pour plus d'information sur la migration et sur les autres stratégies de préservation, voir le Digital Imaging Tutorial et le Digital Preservation Strategy des archives nationales australiennes.

Contrôle de qualité

Idéalement, l'évaluation de la qualité d'image devrait être conduite par la même personne, en utilisant à chaque fois un équipement calibré de la même façon et une configuration identique. L'équipe aura peut-être besoin d'être formée afin de communiquer de façon effective sur l'apparence de l'image, ce dans un équilibre entre qualités formelles et contenu.

Testez les comportements et la fonctionnalité d'une œuvre par rapport à ceux de l'original. Si l'original n'est plus accessible, effectuez les tests en vous appuyant sur la documentation de l'original.

Les variables techniques affectant le visionnage inclues :

format de fichier et compression

ordinateur de l'utilisateur et capacité de lecture (p. ex. navigateur web)

environnement de visionnage (aucune fenêtres ou de lumière réfléchie? Murs neutres gris?)

modèles des moniteurs et calibration des moniteurs

connexions réseaux

Initiatives et ressources

Un nombre d'organisations et d'initiatives font un travail vital dans le champs de la préservation des arts numériques :

International Network for the Conservation of Contemporary Art (INCCA)

Interpares2 - The International Research on Permanent Authentic Records in Electronic Systems

Matters in Media Art

The Variable Media Network

The Daniel Langlois Foundation

Questions élémentaires

Il est souvent difficile de savoir où commencer un projet de préservation numérique. Les variables entre les différentes œuvres à composantes informatiques, spécialement si on les compare aux médias traditionnels ou même aux œuvres vidéo monobande, peuvent être quasi infinies. Ces variables sont un challenge majeur auquel font face les personnes travaillant dans le champ de la préservation numérique. Les questions qui suivent abordent les aspects élémentaires devant être considérés au commencement de tout projet de ce type.

Quels sont les défis de la préservation des médias interactifs?

Les nouveaux médias sont encore plus dépendants d'une technologie en perpétuelle évolution que les œuvres monobande. Le matériel informatique, les logiciels, les systèmes d'exploitation et les supports de stockage connaissent régulièrement des défaillances ou deviennent obsolètes. Dans les années 1980, par exemple, les Laserdisc (aussi connu sous le nom de LD, Videodisc) permettaient une variabilité plus importante que la bande vidéo, mais aujourd'hui, les lecteurs de Laserdiscs sont de plus en plus dur à trouver. Des CD-ROMs de moins de dix ans ne peuvent plus être lus par la plupart des systèmes d'exploitation actuels. Les sites web peuvent changer sur une base journalière.

De plus, la longévité des données numériques, ou des bits, reste à prouver. Les fichiers numériques ont encore besoin d'un support de stockage, qui demandera une gestion peut-être encore plus assidue que des pellicules filmiques dans un coffre fort. Comme le souligne Bruce Sterling dans son article "Digital Decay", "La magnétisation des rubans s’estompe, le laminage des disques compacts s’effrite. Les réseaux s’effondrent. Il existe toute une séquence de points de défaillance additionnels, intrinsèques à la nature des ordinateurs contemporains."

Pour les œuvres à composantes informatiques n'est-il pas suffisant de sauvegarder les fichiers?

Non. Les logiciels et systèmes d'exploitation informatiques évoluent constamment, et apparaît souvent plusieurs versions en l'espace d'une année. Ces améliorations sont parfois faites avec peu de considérations pour la manière dont les médias plus âgés seront lus sur les nouveaux systèmes. Comment les données seront traduites dans le futur est difficile à anticiper et "l'aspect et le ressenti" d'une œuvre peut varier grandement d'un système à l'autre. Les bons logiciels et systèmes d'exploitation doivent être sauvegardés en même temps que les fichiers qui les utilisent, et/ou les fichiers doivent être migrés en portant une attention très stricte à la qualité.

Faire des impressions d'écrans d'un site web suffit-il à préserver l'œuvre?

Bien qu'utile comme documentation, les captures d'écran ne conservent pas la fonctionnalité ou les possibilités interactives d'une œuvre pour internet. En plus des types spécifiques de fichiers et de lecteur de médias, certains navigateurs affectent grandement la façon dont on fait l'expérience d'une œuvre. Il sera peut-être nécessaire de garder des copies de logiciels, de systèmes d'exploitation, de navigateurs et de plug-ins s'ils sont inhérents à la fonctionnalité de l'œuvre. Une œuvre à composantes informatiques peut nécessiter une migration vers, ou une émulation dans, une plateforme contemporaine.

Que veut dire migrer ou émuler une œuvre?

La "migration" est la forme la plus élémentaire de préservation numérique. Cela veut simplement dire copier des fichiers numériques vers de nouveaux supports de stockage, en prenant soin de préserver toutes les qualités de l'œuvre originale.

L'émulation est plus complexe. Pour utiliser une définition de la conservatrice Caitlin Jones : "Émuler une œuvre consiste à tenter d’en imiter l’apparence d’origine par des moyens tout à fait différents. Le terme émulation s’applique en
général à la re-fabrication ou à la substitution des composants d’une œuvre, mais il a aussi un sens spécifique dans le contexte des médias numériques, où l'émulation s'avère une technique puissante pour exécuter un programme d'un ordinateur dépassé sur un ordinateur contemporain."

Y a-t-il d'autres façon de préserver des œuvres numériques?

Comme l'a écrit Richard Rinehart, il est peut-être possible de "[recréer] l'œuvre à partir de zéro dans des médias contemporains en se basant sur les instructions de l'artiste, en documentant l'œuvre avec des médias plus stables et en migrant l'œuvre vers un nouveau standard ou une nouvelle plateforme".

Sources

Caitlin Jones, Seeing Double: Emulation in Theory and Practice (PDF file)

Richard Rinehart, Preserving the Rhizome ArtBase (PDF file)

Bruce Sterling, Digital Decay (PDF file)

Processus de planification

Processus de planification

La préservation d'une œuvre d'art à composantes informatiques peut suivre un processus similaire à ceux utilisés pour les œuvres d'art traditionnelles, mais il y a aussi des défis spécifiques aux médias numériques. La documentation, par exemple, est particulièrement décisive et les problématiques d'entreposage sont bien plus complexes. Un autre point qu'il faut garder en mémoire : les experts dans le domaine vous diront que le facteur le plus communément responsable des défaillances des fichiers numériques est l'erreur humaine. L'incapacité à anticiper les futurs problèmes, à correctement nommer les fichiers, à noter les informations nécessaires — tout cela est potentiellement plus dangereux que l'obsolescence ou la détérioration. Espérons que ce guide de planification vous aidera à épargner ce genre de problèmes à votre collection.

Pour plus d'informations, voir la section Meilleures Pratiques de ce site web.

Documentation

La documentation est le processus de collecte et d'organisation des informations concernant l'œuvre — y compris son état, son contenu et les actions effectuées pour la préserver.

La première catégorie d'informations à consigner concerne le comportement — par exemple, la façon dont une œuvre est utilisée, comment les spectateurs interagissent avec elle, et comment certaines actions en entraînent d'autres.

Un autre champs essentiel de la documentation concerne les métadonnées, ou les données à propos des données. Les métadonnées sont particulièrement importantes pour l'art à composantes informatiques dans la mesure où les composants de ces œuvres ne sont presque jamais lisibles par les humains et ont rarement un étiquetage "physique" utile. En d'autres termes, contrairement à un film, dont l'état est habituellement apparent, l'inspection visuelle n'a généralement pas de sens pour les fichiers en eux-mêmes. Et à l'inverse des bandes, qui ont souvent des informations utiles sur les étiquettes, les fichiers numériques peuvent être aisément et rapidement transférés d'un support à l'autre, perdant potentiellement par la même occasion toute étiquette les identifiant.

Les métadonnées peuvent être divisées en quatre catégories générales : descriptives (décrivant le contenu de l'œuvre) ; techniques (décrivant la création technique du fichier et ce qu'il faut pour le lire) ; pour la préservation ; et administratives (qui inclues des informations sur la manière dont l'œuvre à été acquise et sur les droits qui lui sont affiliés).

Inspection

L'inspection est le processus qui sert à collecter des informations détaillées sur un fichier, en prévision de sa migration vers des nouveaux formats, de même qu'à vérifier le statut d'œuvres déjà préservées ou devant l'être. L'inspection d'œuvres numériques passe par le contrôle visuel — par exemple, vérifier si un DVD a des rayures — mais implique aussi de tester les fonctionnalités de l'œuvre.

Idéalement, des inspections sont réalisées régulièrement tous les six mois afin d'être certain que les fichiers numériques, le système et l'équipement nécessaires pour les faire fonctionner sont pleinement opérationnels.

Stockage des données

Le stockage d'une œuvre à composantes informatiques implique des procédés et des techniques similaires à ceux et celles utilisés pour toute information numérique — et les Meilleures Pratiques dans le domaine change aussi rapidement que pour n'importe quel autre domaine de l'informatique. Dans ce domaine, cependant, les changements rapides ont un côté positif : à mesure que la technologie évolue, les coûts de stockage baisses. En ordre de préférence et de prix, les meilleures solutions de stockage sont :

Des disques durs indépendants (p. ex., RAID-6)

Des disques durs externes (disques à haute densité)

Des DVD-R ou CD-R (disques de qualité d'archivage/"gold")

Rappelez-vous que la redondance — plusieurs copies dans des emplacements différents — est un aspect essentiel du stockage des données à long terme.

Stratégies de préservation

La nature de l'art à composantes informatiques implique une vigilance constante pour sa préservation — et la sélection soigneuse d'une stratégie afin d'assurer la viabilité à long terme de l'œuvre. Il y a trois principales stratégies utilisées en préservation numérique.

La migration (reformatter et rafraîchir) est une parade contre l'obsolescence ou la détérioration des médias. Il y a plusieurs niveaux de migration. Pour maintenir l'intégrité et la fonctionnalité originale de l'œuvre, vous pouvez utiliser les parties matérielles et logicielles avec un nouveau système d'exploitation ou vous pouvez transférer un format de fichier obsolète vers un format plus récent.

L'émulation implique la re-création de l'environnement technique requis pour voir un objet numérique. Cela est réalisable en conservant les caractéristiques des parties matérielles et logicielles requises afin que le système puisse être recréé par de futurs systèmes pour émuler l'environnement original.

L'encapsulation groupe un objet numérique avec tous les composants nécessaires pour pouvoir accéder à cet objet.

Contrôle de qualité

Le contrôle de qualité est nécessaire pour toutes les formes de préservation numérique qui impliquent la duplication, la migration, ou tout autre type de reformattage. Comme pour l'inspection, le contrôle de qualité implique de tester de manière approfondie une nouvelle version de l'œuvre. Testez les comportements et la fonctionnalité d'une œuvre par rapport à ceux de l'original. Si l'original n'est plus accessible, effectuez les tests en vous appuyant sur la documentation de l'original.

Rapports de condition

Rapport de Condition

Conserver une archive de l'état des articles que l'on préserve est crucial pour n'importe quel projet de préservation. De la documentation devrait être créée à chaque phase du processus : les bandes doivent être physiquement inspectées avant d'être transférées, les mesures prises durant les processus de transfert devraient être archivées, et les bandes remasterisées devraient être inspectées périodiquement afin de repérer les signes de détérioration. (Pour plus d'information sur l'inspection, voir la section des meilleurs pratiques de ce site web.)

Les formulaires suivants sont des modèles possibles pour collecter ces informations. La plupart des institutions utilisent des formulaires similaires qui ont été modifiés pour répondre à leurs besoins.

Rapport de condition basique

Ce document créé par Indepedent Media Art Preservation (IMAP) permet de collecter des informations basiques à propos de la condition physique d'une bande vidéo.

Rapport de condition basique (format PDF).

Formulaire de visionnage

Ce formulaire est utilisé par Bay Area Video Coalition (BAVC) pour documenter les mesures prises durant le processus de remastérisation, et pour noter tout défaut découvert durant la lecture.

Version Excel (XLS)

Version PDF

Formulaires de rapports et Modèles de Matters in Media Arts

Matters in Media Arts, une organisation à but non lucratifs, a généré un certain nombre de modèles de rapports pour documenter la condition et la viabilité de l'art à composantes informatiques.

Modèle de rapport de condition [Matters in Media Arts]

Ce rapport met l'accent sur des informations basiques concernant des œuvres d'art et peut servir d'outil pour l'exposition. Il collecte des données telles les instructions élémentaires d'installation ainsi qu'une description générale de l'œuvre et de son état.

Annexe au rapport de condition : Disques [Matters in Media Arts]

Ce formulaire inclus des informations détaillées à propos du statut du disque (DVD-Rom, DVD, CD) y compris un moyen de noter tout défauts y compris les rayures ou les empreintes de doigts.

Annexe au rapport de condition : Disques durs [Matters in Media Arts]

Ce formulaire détaille les contenus, le système d'exploitation requis, l'opérabilité, ainsi que d'autres informations concernant un disque dur contenant ou étant associé à une œuvre à composantes informatiques.

Modèles pour les installations [Matters in Media Arts]

Ce document très détaillé, aborde quasiment toutes les variables imaginables et comprend des informations à propos de la nature de l'espace d'exposition, de l'intention de l'artiste, des besoins en électricité et en maintenance et même des détails sur les aspects sanitaires et liés à la sécurité. Encore une fois, même s'il a été conçu pour l'exposition, ce document est utile pour la collecte d'informations de préservation.

À propos des sources :

Matters in Media Arts

Commissaires, conservateurs, directeurs technique pour les médias du New Art Trust, MoMA, SFMOMA, et la Tate, ont formé un consortium afin d'établir des guides de bonnes pratiques pour la prise en charge d'œuvres "basées sur le temps" (par exemple, vidéos, diapositives, films, son et installations utilisant l'informatique ). Le site web de Matters in Media Arts offre des ressources considérables liées à l'exposition des arts médiatiques.

Budget

Le budget pour la préservation d'œuvres à composantes informatiques peut grandement varier. Vous trouverez plus bas les aspects élémentaires devant être pris en compte. Considérez ces questions comme un guide permettant de mettre en forme le budget dont à besoin l'œuvre que vous préservez.

Recherche/documentation

Combien d'informations techniques concernant l'œuvre sont actuellement disponibles?

Quelle quantité de recherche sera-t-il nécessaire d'effectuer sur ses spécifications, son histoire, etc.?

Qui sera en charge d'effectuer ces recherches?

Si l'artiste est en vie et qu'il est d'accord pour apporter son aide, y a-t-il des dépenses associées à sa participation — défraiement, indemnités/honoraires?

Une autre institution a-t-elle déjà fait un travail de préservation sur cette œuvre? Une autre institution peut-elle contribuer à la recherche/expertise pour ce projet?

Équipement

Sera-t-il nécessaire d'acheter de nouveaux équipements pour le projet? Considérez les catégories suivantes :

Équipement de monstration/moniteurs

Disque dur/processeur

Cables/connectiques

Appareils de lecture (c.-à-d., lecteurs DVD)

Programmation

Quel degré de nouvelle programmation sera nécessaire pour que l'œuvre reste viable?

Est-ce que l'œuvre a besoin d'être

Migrée
Émulée
Encapsulée

De combien de temps aura approximativement besoin un programmeur pour recréer ou travailler sur l'objet en question.

Quel niveau de connaissance en programmation sera nécessaire? S'agit-il de travailler avec des logiciels largement répandus comme Flash ou Director, ou cela demande-t-il de travailler avec des applications personnalisées ou conçues par l'artiste?

Combien d'argent un programmeur ayant les compétences requises demandera-t-il?

Est-ce que des économies d'échelle peuvent aider à budgetiser — sera-t-il plus avantageux à long terme de préserver au même moment, ensemble, plusieurs œuvres avec des problèmes similaires?

Conservateurs

Devra-t-on faire appel aux services d'un conservateur?

Combien de temps devra passer le conservateur sur le projet pour le mener à bien?

À partir de quelle phase le conservateur devra-t-il s'ajouter au projet (voir recherche, plus haut)?

Stockage des données

Quelle quantité d'espace de stockage sera nécessaire une fois le projet terminé?

Stockerez-vous uniquement le travail fini, ou stockerez-vous aussi d'autres éléments, des fichiers, des logiciels, etc.?

Quel est le meilleur type de stockage pour votre projet (souvent déterminé, bien entendu, par ce que peut se permettre l'institution)?

Disques durs indépendants

Serveur

Disques durs amovibles

CD-ROM (pas idéal)

Sera-t-il nécessaire d'effectuer des aménagements pour l'entreposage physique des disques durs, etc.?

Est-ce que le climat de l'espace d'entreposage peut être correctement contrôlé?

Équipements et problèmes techniques

Équipements et problèmes techniques

La nature complexe des œuvres d'art numériques fait que les risques entraînés par l'équipement sont variés et nombreux. Ces risques peuvent être rangés en deux grandes catégories : la défaillance — l'incapacité d'un composant à continuer de fonctionner — et l'obsolescence — des composants qui ne sont plus disponibles, ou qui ne sont plus compatibles avec les logiciels actuels les plus récents, les systèmes d'exploitation, etc. Ces risques affectent de diverses manières les différents éléments des œuvres à composantes informatiques.

Supports de stockage

Pour toute entité numérique, que ce soit une base de données ou une œuvre d'art, la défaillance d'un support de stockage est particulièrement inquiétante. Et contrairement à la bande vidéo ou au film, lorsqu'un média numérique connaît une défaillance, c'est souvent sans signes visibles de changements — et la panne est inévitablement complète. Un film peut être montré même s'il est endommagé ; une bande vidéo peut perdre une partie de son signal tout en permettant de récupérer le reste. Avec les médias numériques, c'est généralement tout ou rien. La plupart de ces risques cependant, peuvent être minimisés grâce à une manipulation prudente et un entreposage soigneux. Gardez à l'esprit ces aspects primordiaux :

La principale façon de réduire les risques de défaillance d'un média réside dans une manipulation correcte et dans de bonnes conditions d'entreposage. (voir la section des Meilleures Pratiques de ce site web pour une description détaillée de ce qu'est une manipulation soigneuse, la température d'entreposage idéale, etc.)

Étant donné que l'information numérique peut être répliquée sans perte d'une génération à l'autre, la redondance — la création de copies multiples d'une œuvre, idéalement entreposées dans des lieux différents — est extrêmement importante pour assurer la longévité d'une œuvre numérique. Si une copie connaît des défaillances, quel qu'en soit la raison, la sauvegarde peut être utilisée à des fins de préservation.

Des supports magnétiques comme les disquettes peuvent être endommagées par la saleté, l'eau, ou par l'exposition à des champs magnétiques.

Les CD-ROMs et les DVDs peuvent cesser d'être exploitables à cause des rayures, ou peuvent se délaminer à cause de la chaleur

Matériel et équipement de visionnage

Comme les équipements de visionnage sont les parties les plus visibles d'une œuvre à composantes informatiques — souvent la seule partie visible — leur défaillance peut être catastrophique. Une planification réalisée avec soins peut prévenir ce genre de catastrophes, particulièrement par l'utilisation d'un questionnaire destiné à l'artiste pour aider à comprendre quelles mesures sont acceptables dans le cas d'une défaillance de l'équipement. Les questions essentielles qu'il faut poser sont :

Est-ce que l'équipement de monstration est une partie intégrale de l'œuvre, ou est-ce plutôt un moyen par lequel l'œuvre est rendue visible?

Si l'équipement de monstration original devait connaître une défaillance, existent-il des fournisseurs capables de fournir un équipement de rechange identique?

Quels aspects de l'équipement sont cruciaux pour l'œuvre — proportions, taille, résolution, etc.?

Comment ces aspects sont-ils documentés — documentation écrite, captures d'écrans, photographies d'installation?

Quel degré de variation de ces qualités est acceptable si l'équipement connaît des défaillances?

Obsolescence

Durant le siècle dernier, de nombreux format de films ont été utilisés, dont plusieurs sont devenus rapidement obsolètes. Des œuvres en vidéo analogique ont aussi été créées en utilisant des dizaines de formats aujourd'hui obsolètes. Pourtant ces problèmes paraissent minimes en comparaison du déploiement étourdissant de plateformes, de logiciels, de formats de fichier et de supports de stockage utilisés dans la création d'œuvres à composantes informatiques. Chaque composant d'une œuvre numérique fait face à de sérieux risques d'obsolescence — des risques pouvant menacer l'œuvre presque immédiatement après sa création.

Systèmes d'exploitation

Comme tout utilisateur d'un ordinateur personnel le sait, les divers systèmes d'exploitation — le programme sous-jacent qui contrôle les fonctions et l'interaction entre le matériel (hardware), les fichiers, et les logiciels — peuvent poser des problèmes même pour des données nouvellement créées. À mesure que le temps passe ces problèmes vont en se multipliant. Chaque fois qu'une nouvelle version d'un système d'exploitation sort, il peut rendre la version précédente obsolète. Plus important encore, un logiciel datant de cinq ans ne fonctionnera peut-être plus sur un nouveau système d'exploitation ; un ancien système d'exploitation ne sera peut-être pas utilisable sur un nouvel ordinateur.

Pour ces raisons il est essentiel de contrôler la viabilité d'une œuvre numérique à intervalles réguliers, y compris quand cela est nécessaire et de tester sa compatibilité avec les nouveaux systèmes d'exploitation.

Logiciels

Comme pour les systèmes d'exploitation, les mises à jours fréquentes des logiciels sont un véritable casse-tête pour la préservation. Les fichiers créés avec une version antérieure d'un programme se comporteront souvent différemment — ou ne s'ouvriront tout simplement pas. Un contrôle continu de la viabilité d'une œuvre est ici aussi cruciale.

Quand cela est possible, des archives détaillées concernant les versions de logiciels utilisées pour créer et pour montrer une œuvre doivent être conservées, de même pour les CD-ROMs ou disques, manuels, etc., correspondants.

Une problématique supplémentaire liée à l'obsolescence est celle qui oppose les logiciels propriétaires aux logiciels Open Source. De nombreuses œuvres à composantes informatiques sont créées en utilisant des logiciels propriétaires. Le développement de logiciels comme Flash, QuickTime, ou Director, est contrôlé par des corporations ayant peu d'intérêt pour la préservation à long terme. Modifier ces logiciels à des fins de préservation n'est pas toujours possible, et dans certains cas cela peut enfreindre les lois de la propriété intellectuelle.

Néanmoins, un nombre croissant d'artistes utilisent des logiciels Open Source, qui permettent une plus grande latitude dans ce domaine. Beaucoup d'experts recommande fortement l'usage de logiciels Open Source lorsque des travaux de préservation de ce type sont réalisés.

Supports de stockage

L'obsolescence des supports de stockage est particulièrement problématique pour les supports magnétiques. En plus de faire face à une dégradation physique, les anciens supports de stockage tels les disquettes, ou les disques Bernoulli, etc. peuvent devenir problématiques lorsque les lecteurs nécessaires deviennent rares et difficiles à trouver. Un autre problème est que les logiciels nécessaires pour faire fonctionner ces lecteurs sont souvent incompatibles avec les derniers systèmes d'exploitation.

Interviews

Entretien avec Tabea Lurk et Jürgen Enge

Tabea Lurk et Juergen Enge enseignent à la Hochschule der Künste (Université des arts) de Berne, en Suisse, et à la Staatliche Hochschule für Gestaltung (École nationale supérieure des arts et du design) de Karlsruhe, en Allemagne. Ils travaillent ensemble à la préservation des arts numériques depuis 2006 dans le cadre de projets tels qu’AktiveArchive. Ensemble, ils élaborent stratégies et concepts pour documenter et préserver les œuvres d’art basées sur l’informatique, qui sont confrontées à l’obsolescence de leurs composants matériels et logiciels, grâce à, entre autres outils, leur Netart Router et à l’utilisation de machines virtuelles. Lire.

 

Entretien avec Yves Bernard

Yves Bernard est depuis 1999 le directeur d'iMAL (interactive Media Art Laboratory), un Centre pour les Cultures et Technologies Digitales à Bruxelles. iMAL organise depuis 2007 des expositions, des conférences, des concerts et des performances et permet aux artistes d'accéder à un espace de recherche et d'expérimentation avec et sur les nouvelles technologies. Yves Bernard parle des difficultés rencontrées par iMAL lors de l'exposition Playlist qui s'est tenue du 4 juin au 21 août 2010 et qui réunissait un corpus d'œuvres détournant à des fins artistiques des appareils obsolètes tels que des consoles de jeux et des ordinateurs des années 1980-1990. Lire.

 

Entretien avec Matthieu Charreyre

C'est avec deux amis d'enfance qu'en 1996 Mathieu Charreyre a fondé l'association WDA, avec l'ambition de créer le premier musée français pour le patrimoine informatique. Aujourd'hui, la WDA est une collection de plusieurs centaines d'ordinateurs, de consoles de jeux, de calculatrices, de jeux et logiciels allant des années 1970 à nos jours. Au fil du temps, la WDA et ses membres ont développés un grand nombre d'activités et de services basés sur leur expérience de la restauration et de la réparation d'ordinateurs. Lire.

 

Entretien avec Mark Hellar

Lire (en anglais uniquement).

 

Entretien avec Sarah Tucker
La commissaire d'exposition du Dia Art Foundation, Sara Tucker, parle de la commande, de l'exposition, et de la préservation du net-art... Lire.

 

Entretien avec Chris Doyle
L'artiste Chris Doyle parle de ses méthodes de travail et des défis que représentent ses œuvres à composantes informatiques pour la préservation... Lire (en anglais uniquement).

 

Entretien avec Francis Hwang
Le net-artiste et conservateur Francis Hwang parle de la préservation d'œuvres sur le web et en réseaux... Lire (en anglais uniquement).

Études de cas

The Erl King

The Erl King fut l'une des premières œuvres vidéo interactives. Une étude fut commencée par le Réseau des médias Variables en 2002, sur l'utilisation de l'émulation pour assurer sa survie à long terme.

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net.flag

Sous les auspices du Réseau des Médias Variables, le conservateur John Ippolito parle des défis entourant la préservation de l'œuvre internet de Mark Napier, net.flag [netflag.guggenheim.org], (2002).

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reBlog

Le reBlog de Eyebeam [www.eyebeam.org/reblog/] permet aux visiteurs de choisir parmi "des contributions d'artistes, de commisaires, de bloggers, et de nouveaux sites". En 2005, Pamela J. Smith a évaluer quels seraient les besoins futurs pour la préservation du site.

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Waking Dream

En 2004, une étude de cas d'une performance interactive/à composantes informatiques appelée "Waking Dream" à été réalisée par InterPARES [www.interpares.org] International Research on permanent Authentic records in Electronic Systems.

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Ressources

Cette section rassemble des articles et des essais spécialisés concernant la préservation de l'art à composantes informatiques. Les textes clés qui suivent étudient les problématiques complexes qui émergent lors de la prise en charge de ces œuvres.

Richard Rinehart, “A System of Formal Notation for Scoring Works of Digital and Variable Media Art”

En 2004, Richard Rinehart présenta ce qu'il appela "une nouvelle approche pour conceptualiser les formes d'art numérique et médiatique". Ce texte passe en revue des travaux antérieurs dans ce domaine, des standards de métadonnées existants, et met en relief le "Media Art Notation System" de Rinehart.

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Jeff Martin, “Voyager Company CD-ROMs: Preserving commercially-produced interactive media”

Durant la fin des années 1980 et au début des années 1990, un grand nombre de titres de CD-ROM on été introduit dans le commerce. Voyager Company faisait partie des leaders de ce marché. Aujourd'hui, ces CD-ROMs font face aux même problèmes qu'un grand nombre d'œuvres d'art médiatiques. Cette études de cas retrace l'histoire de cette entreprise et examine la viabilité de ses titres.

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Luciana Duranti, “Preserving Authentic Electronic Art Over the Long-Term: The InterPARES 2 Project”

InterPARES2 est une initiative internationale explorant la préservation des fichiers numériques. Ce texte présente les problèmes généraux étudiés, ainsi que le cadre et les objectifs du projet.

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