La préservation d'une œuvre d'art à composantes informatiques peut suivre un processus similaire à ceux utilisés pour les œuvres d'art traditionnelles, mais il y a aussi des défis spécifiques aux médias numériques. La documentation, par exemple, est particulièrement décisive et les problématiques d'entreposage sont bien plus complexes. Un autre point qu'il faut garder en mémoire : les experts dans le domaine vous diront que le facteur le plus communément responsable des défaillances des fichiers numériques est l'erreur humaine. L'incapacité à anticiper les futurs problèmes, à correctement nommer les fichiers, à noter les informations nécessaires — tout cela est potentiellement plus dangereux que l'obsolescence ou la détérioration. Espérons que ce guide de planification vous aidera à épargner ce genre de problèmes à votre collection.
Pour plus d'informations, voir la section Meilleures Pratiques de ce site web.
La documentation est le processus de collecte et d'organisation des informations concernant l'œuvre — y compris son état, son contenu et les actions effectuées pour la préserver.
La première catégorie d'informations à consigner concerne le comportement — par exemple, la façon dont une œuvre est utilisée, comment les spectateurs interagissent avec elle, et comment certaines actions en entraînent d'autres.
Un autre champs essentiel de la documentation concerne les métadonnées, ou les données à propos des données. Les métadonnées sont particulièrement importantes pour l'art à composantes informatiques dans la mesure où les composants de ces œuvres ne sont presque jamais lisibles par les humains et ont rarement un étiquetage "physique" utile. En d'autres termes, contrairement à un film, dont l'état est habituellement apparent, l'inspection visuelle n'a généralement pas de sens pour les fichiers en eux-mêmes. Et à l'inverse des bandes, qui ont souvent des informations utiles sur les étiquettes, les fichiers numériques peuvent être aisément et rapidement transférés d'un support à l'autre, perdant potentiellement par la même occasion toute étiquette les identifiant.
Les métadonnées peuvent être divisées en quatre catégories générales : descriptives (décrivant le contenu de l'œuvre) ; techniques (décrivant la création technique du fichier et ce qu'il faut pour le lire) ; pour la préservation ; et administratives (qui inclues des informations sur la manière dont l'œuvre à été acquise et sur les droits qui lui sont affiliés).
L'inspection est le processus qui sert à collecter des informations détaillées sur un fichier, en prévision de sa migration vers des nouveaux formats, de même qu'à vérifier le statut d'œuvres déjà préservées ou devant l'être. L'inspection d'œuvres numériques passe par le contrôle visuel — par exemple, vérifier si un DVD a des rayures — mais implique aussi de tester les fonctionnalités de l'œuvre.
Idéalement, des inspections sont réalisées régulièrement tous les six mois afin d'être certain que les fichiers numériques, le système et l'équipement nécessaires pour les faire fonctionner sont pleinement opérationnels.
Le stockage d'une œuvre à composantes informatiques implique des procédés et des techniques similaires à ceux et celles utilisés pour toute information numérique — et les Meilleures Pratiques dans le domaine change aussi rapidement que pour n'importe quel autre domaine de l'informatique. Dans ce domaine, cependant, les changements rapides ont un côté positif : à mesure que la technologie évolue, les coûts de stockage baisses. En ordre de préférence et de prix, les meilleures solutions de stockage sont :
Des disques durs indépendants (p. ex., RAID-6)
Des disques durs externes (disques à haute densité)
Des DVD-R ou CD-R (disques de qualité d'archivage/"gold")
Rappelez-vous que la redondance — plusieurs copies dans des emplacements différents — est un aspect essentiel du stockage des données à long terme.
La nature de l'art à composantes informatiques implique une vigilance constante pour sa préservation — et la sélection soigneuse d'une stratégie afin d'assurer la viabilité à long terme de l'œuvre. Il y a trois principales stratégies utilisées en préservation numérique.
La migration (reformatter et rafraîchir) est une parade contre l'obsolescence ou la détérioration des médias. Il y a plusieurs niveaux de migration. Pour maintenir l'intégrité et la fonctionnalité originale de l'œuvre, vous pouvez utiliser les parties matérielles et logicielles avec un nouveau système d'exploitation ou vous pouvez transférer un format de fichier obsolète vers un format plus récent.
L'émulation implique la re-création de l'environnement technique requis pour voir un objet numérique. Cela est réalisable en conservant les caractéristiques des parties matérielles et logicielles requises afin que le système puisse être recréé par de futurs systèmes pour émuler l'environnement original.
L'encapsulation groupe un objet numérique avec tous les composants nécessaires pour pouvoir accéder à cet objet.
Le contrôle de qualité est nécessaire pour toutes les formes de préservation numérique qui impliquent la duplication, la migration, ou tout autre type de reformattage. Comme pour l'inspection, le contrôle de qualité implique de tester de manière approfondie une nouvelle version de l'œuvre. Testez les comportements et la fonctionnalité d'une œuvre par rapport à ceux de l'original. Si l'original n'est plus accessible, effectuez les tests en vous appuyant sur la documentation de l'original.