Entretien avec René Paquet (BAC)

Bibliothèque et Archives du Canada, Gatineau, 1 mars 2010

 

René Paquet travaille depuis plus de vingt cinq ans aux ‘Bibliothèque et Archives du Canada’ implantées à Gatineau au Québec. Il a été responsable des archives électroniques ainsi que de la gestion des archives sonores et vidéo. Emanuel Lorrain (PACKED vzw) l'a rencontré pour savoir de quelle manière s'effectue la sauvegarde des contenus et la gestion de l'obsolescence des formats et des supports sur lesquels ils sont enregistrés. Cet entretien est divisé en deux parties : ‘Archivage et Numérisation’ puis ‘Gestion des équipements et de l'obsolescence’.

 

1ère partie : Archivage et Numérisation

 

Packed : Quelle est votre parcours et votre formation, comment en êtes vous arrivez à vous occuper des archives vidéo aux Bibliothèque et Archives du Canada ?

René Paquet : J'ai d'abord obtenu un diplôme en électronique puis un diplôme universitaire en informatique à l’Université du Québec à Hull. J’ai ensuite travaillé pour la Société Radio Canada et les Archives Nationales du Canada qui sont par la suite devenu Bibliothèque et Archives du Canada.

 

Packed : Quels types d'archives trouve-t-on ici ?

René Paquet : Il s'agit essentiellement d'archives canadiennes : de l'imagerie via satellite, des cartes, des manuscrits, des photographies, des livres, des peintures, des vidéos, des films, des documents audio, mais aussi des documents électroniques tels que des sites web ou des bases de données. Durant ma carrière, j'ai principalement travaillé dans le domaine des archives video, ce n'est que récemment que je me suis spécialisé dans la sauvegarde des documents électroniques.

 

Packed : L'intégralité des archives est-elle conservée dans ce bâtiment ?

René Paquet : Non, seulement en partie. Les archives sont réparties dans plusieurs lieux et auparavant nous possédions jusqu'à dix-sept édifices à dans la région d’Ottawa et de Gatineau. Ce nouvel édifice a été construit il y a douze ans avec des spécifications particulières : les laboratoires et l'entreposage des documents ont été combinés. L'édifice possède cinq étages et le cinquième étage abrite les laboratoires tandis que les autres étages sont des magasins. Le bâtiment est constitué de béton et de verre, car en cas de panne électrique, le béton garde la température constante, et les vitres de verre tout autour du bâtiment sont là pour contrôler l'humidité venant de l'extérieur. C'est en quelque sorte un édifice à l'intérieur d'un édifice. Il a été construit spécialement pour maximiser la conservation des archives. Il a été garanti pour cinq cent ans par l'architecte. Les matériaux qui ont servis à sa construction sont de la tôle, du ciment et du verre. À l'intérieur, les murs sont en mélanine pour éviter toutes poussières et la moquette est anti-statique. C'est un édifice qu'on peut qualifier d'intelligent, dans la mesure où si par exemple la température dans un dépôt change au-delà des paramètres requis pour la conservation des documents, alors un signal d'alarme est envoyé afin de réagir en conséquence.

 

"C'est  en quelque sorte un édifice à l'intérieur d'un édifice."

 

Packed : D'où proviennent les archives vidéos que vous conservez?

René Paquet : La section AV – pour audiovisuelle – des Archives du Canada, conserve du film, des documents audio et de la vidéo. Il peut s'agir aussi bien d'archives de la télévision que d'archives d'origine privée. Nous archivons 3 à 4% de la production télévisuelle canadienne, et cela correspond à ce qui est considérée d'intérêt d'archive par les Archives du Canada. Ces 3 à 4% sont sélectionnés par des archivistes selon des critères de sélection pré-établis. Chaque acquisition de documents est documentée puis le document est envoyé ici pour la préservation. Dans les années 1980, nous étions les archives de Radio Canada et de CBC, mais dans les années 1990 ils ont développés leurs propres archives et elles ne sont dépôsés ici que pour certains programmes. Dans le secteur privé, cela concerne certaines chaines francophones et anglophones : Radio Canada et TVA. Du côté des chaînes privées anglophones, il y a Global CTV, ici aussi environ 3 à 4 % de la production. Cela correspond à une quarantaine d'heures d'enregistrement par semaine et cela concerne principalement des affaires publiques, des nouvelles ou des évènements spéciaux. Ce que nous ne conservons pas est conservé par les télévisions, les provinces et les municipalités, qui possèdent elles aussi leurs archives. Il y a environ deux ans, un projet à long terme pour rassembler toutes les archives à été lancé. Il s'agira de regrouper les Archives Nationales du Canada, les archives des provinces ainsi que les archives municipales.

Nous conservons aussi des millions de mètres de films qui pour le moment ne font pas encore l'objet d'un plan de migration. Tous les films subventionnés par le Canada doivent aussi avoir une copie déposée ici. Pour le moment on fait simplement des copies de préservation et des migrations de film à film vers du 35mm1 par exemple. Il s'agit de négatifs, d'interpositifs2, d'internegatifs3 ainsi que toutes les chutes que l'on conserve. Au niveau des formats, il y a du 8 mm4, du 16 mm5, du 28 mm6, et du 35 mm. Il y a beaucoup plus d’opérateurs qui travaillent pour nettoyer et transférer les films que pour la sauvegarde de la vidéo, mais c'est aussi parce que nous avons beaucoup plus d'archives sur film que sur vidéo. En tout, nous avons environ 520 000 heures d'enregistrements sur tous types de formats et de supports.

 

Packed : Sur quels supports recevez-vous les documents ?

René Paquet : Il peut s'agir de contenus captés directement par satellites dans le cadre d'accords avec les chaines de télévisions pour archiver certains signaux qu'ils émettent. Ensuite, nous pouvons recevoir tout type de bandes vidéo : du 2 pouce Quadruplex7, du 1 pouce C8, etc. Nous avons aussi du film télécinéma réalisé en Kinescope9 et même des enregistrements sonores sur fils de fer réalisés avec des wire recorder, qui étaient principalement utilisés par les communautés religieuses.

 

La salle de transfert principale.

 

Packed : On peut lire sur le site de Bibliothèque et Archives du Canada que vous conservez des bandes tel que des open reel ½ pouce10 qui sont des formats non-professionnels. De quel types de documents s'agit-il ?

René Paquet : Il s’agit de bandes qui proviennent des ministères, des agences gouvernementales, des universités, ou encore des institutions de recherches. Un des exemples sur ½ pouce open reel de la nature très différentes des contenus conservés ici, est la captation vidéo de l'exposition de patients au rayons x.

 

Packed : En fonction de quels critères sont fait les transferts?

René Paquet : La sélection est faite selon plusieurs critères combinés : les échantillonnages et enquêtes réalisés sur les collections concernant la condition physique des bandes, le degré d'obsolescence technologique des formats et l'importance des contenus. Nous sommes juste au début de notre programme de migration qui a été mis en veille pendant plusieurs années pour des raisons à la fois budgétaires et politiques. Nous avons commencé par la migration des bandes D-211 il y a un peu plus d'un an, ce qui représente entre 3 000 et 5 000 bandes à transférer. Nous avons choisi de commencer par le D-2, parce que cela nous permettait de mettre plus facilement en place notre infrastructure informatique, au niveau du SDI12, des communications et des opérations. Car pour mettre en place l'infrastructure, il nous fallait un format qui soit relativement jeune et plus ou moins disponible. Même si le format D-2 est déjà obsolète, il était relativement simple de continuer à faire fonctionner les machines.

 

Packed : Dans quelles conditions climatiques sont conservées les bandes ?

René Paquet : Les vidéos sont conservées à une température de 18°C et avec une humidité relative de 40%.

 

Packed : Utilisez-vous des machines pour nettoyer les bandes ?

René Paquet : Nous utilisons des machines RTI13 pour les bandes 2 pouces, 1 pouces, 3/4 de pouce14 et Betacam15. Nous en avons aussi d’autres pour les bandes ½ open reel.

 

Une machine de nettoyage Elcon 2000P pour bandes 2 pouces.

 

Packed : Est-ce que le nettoyage des bandes est suffisant lorsqu'elles posent problème ?

René Paquet : Non, pas toujours. Lors d'une veille que nous avons réalisée concernant les formats 3/4 de pouce, une collection a été détectée comme comportant des bandes des années 1970 très abîmées. Cela était très certainement lié à de mauvaises conditions d'entreposage avec une humidité et une température non contrôlées qui ont fini par modifier la formulation chimique de la bande. Sur ces bandes, l'oxyde se détache et les têtes de lecture deviennent sales très rapidement. Pour ces bandes, nous allons devoir mettre en place un moyen de faire du montage petit bout par petit bout en utilisant VirtualVTR16.

 

Packed : Avez-vous aussi des problèmes de sticky shed syndrome17 ?

René Paquet : Principalement avec les bandes audio. Les seules bandes vidéo qui sont concernées par ce phénomène sont les bandes ½ pouces open reel.

 

Packed : Quel traitement avez-vous utilisez pour les bandes de ½ pouce ?

René Paquet : On les chauffe, mais il y a de toute façon beaucoup d’oxyde de fer qui s’amasse sur les têtes, donc là aussi on les transfert morceau par morceau et ensuite on les assemble. Le four représente la dernière limite, et pour cela nous utilisons un protocole mis en place par le Canadian Conservation Institute18 qui est une agence de l’État. Quoiqu'il en soit, il est très peu probable que l’on réussisse à transférer une bobine en une seule fois.

 

Packed : Est-ce un problème d'hydrolyse ?

René Paquet : Oui, mais il y a aussi un problème d’équipement parce que chaque bande a probablement été enregistrée sur des équipements différents et pas nécessairement compatibles et il n’y a donc pas d’interopérabilité. À cette époque là, chaque machine avait une mécanique différente et ceci est un problème étant donné que les enregistrements vidéo étaient d'abord réalisés de manière mécanique. Il y a beaucoup d’ajustements à faire pour transférer ce type de bande, c'est très laborieux.

 

Packed : Quels autres types de problèmes avez-vous rencontré ?

René Paquet : Nous avons eu des problèmes de colle sur les bandes 2 pouces. À une époque, de la colle a été utilisée par 3M sur le côté des supports de ses bandes 2 pouces et cette colle avec les années, a migrée vers la bande. Il nous a fallu trouver des procédés pour les nettoyer et enlever la colle afin de pouvoir ensuite les reproduire. La technique la plus efficace s’est finalement révélée très manuelle, du fait de l'impossibilité d'utiliser une machine pour effectuer ce travail. Nous avons utilisé de l’alcool à 99 % et enlever la colle très délicatement avec un coton-tige.

Nous avons aussi eu des bandes qui ont subit une inondation, et qu’il a fallu nettoyer extensivement avant de pouvoir les migrer vers de nouvelles bandes, ou encore des bobines cassées, où le boitier de la bobine a dû être remplacé. Pour certains formats difficiles, j’ai travaillé avec les compagnies Fuji et 3M, et une des solutions de 3M dans leur laboratoire était d‘ajouter un acide servant de lubrifiant sur la bande. Cependant, les résultats n’étaient pas vraiment meilleurs et parfois ils étaient même pires car le contact de la tête avec la bande lors de la lecture ne se faisait plus correctement.

 

Packed : Donc vous avez collaboré avec Fuji et 3M au niveau de la préservation ?

René Paquet : Oui, surtout avec 3M dans les années 1980 et 1990. Nous avions une entente parce que nous achetions beaucoup de produits 3M et que certaines de leurs bandes 1 pouce format C posaient de véritables problèmes. La collaboration avec leur laboratoire n’était pas directement financée par les archives, il s'agissait d'une entente entre nous et 3M.

 

Packed : Comment repérez-vous les bandes les plus à risque ?

René Paquet : Une de nos approches est de réaliser des enquêtes. C'est quelque chose que nous avons surtout fait pour les bandes de stockage informatique, mais qui peut aussi être utilisé pour les autres types de bandes magnétiques. Sur dix bandes magnétiques possédant toutes un identifiant unique on en prend une au hasard, et on note quelles bandes ne peuvent pas être lues et quelles bandes ont des défauts qui peuvent être récupérés. On fini par en prendre une sur 50, puis une sur 100. Puis, grâce à l'identifiant on peut évaluer les bandes faisant partie d'un même lot.

 

Packed : Y a-t-il un dépôt pour mettre en quarantaine les bandes qui auraient de la moisissure ?

René Paquet : Oui, il y a un dépôt où les bandes sont manipulées avec des masques par des employés formés spécialement.

 

Packed : Quel format d'archivage utilisez-vous ?

René Paquet : il nous reste encore beaucoup de choses sur Digital Betacam19, mais nous sommes en période de migration vers un système totalement file-based où les archives seront intégralement conservées sous forme de fichier. Nous utilisons un encapsuleur MXF et le Motion JPEG2000 qui est un format avec une compression sans perte – Lossless – ce qui équivaut à peu près à 3:1 au niveau de la compression. L’infrastructure informatique n’étant pas encore finalisée, nous n'avons pas encore totalement abandonné la sauvegarde sur Digital Betacam, nous archivons en parallèle sous forme de fichier et sur bande vidéo en attendant que le système soit véritablement terminé. La bibliothèque de bandes LTO20 qui représente 1.2 petabytes est déjà en place, mais les procédures pour y archiver la vidéo sont encore en cours de développement.

 

Packed : Comment se déroule le processus de numérisation ?

René Paquet : Dans les dépôts, on conserve les documents vidéo sur Digital Betacam, sur bandes ¾ de pouce, Quadruplex, D-2, etc. Il y a aussi la réception satellite des chaines de télé qui elle est directement encodée en MJPEG 200021 dans un conteneur MXF22. Lors de la numérisation deux copies de haute résolution en MJPEG 2000 à 50 mégabit/sec sont créées. L'une des deux va dans la bibliothèque de bandes LTO à laquelle on pourra accéder grâce au robot/lecteur LTO, et l'autre copie va dans les magasins de stockage physique à une température et une humidité contrôlée. On utilise une infrastructure SDI qui sera par la suite remplacée par de la fibre optique. Tous les signaux provenant des machines 2 pouces, AVR-1, AVR-2, helical, etc. sont converti en SDI. Les machines sont modifiées directement à cet effet et le signal est dirigé vers l’aiguilleur. Pour l'instant la vidéo circule à 270 Mega-bits/seconde et on utilise du LTO-4. Nos encodeurs sont en NTSC et enregistrent en 10 bits au lieu de 8 bits, parce que ça ne prend pas beaucoup plus de place et que les prochaines générations d'encodeurs seront probablement tous en 10 bits. Cela nous permet d'éviter d'avoir à transférer de 8 bits à 10 bits plus tard et d'avoir une perte potentielle pendant le processus.

 

 Les serveurs de bandes LTO.

 

Packed : Il y a donc une copie miroir des fichiers en haute résolution ?

René Paquet : Oui, il s’agit d’une copie identique à l'autre fichier mais qui possède un identifiant différent. Avant de sortir le fichier en MXF, un checksum est effectué afin de s'assurer que les deux copies soient identiques. Le checksum est créé à la source, et fait partie des métadonnées qui sont contenues dans le fichier XML. Il est aussi enregistré dans la base de données MISACS, et reste toujours avec le fichier, ce qui nous permet de contrôler à tout moment si quelque chose a changé.

 

Packed : Qu'est ce que la base de données MISACS ?

René Paquet :MISACS est une base de données développée par les archives du Canada et qui contient toutes les métadonnées sur les collections : films, vidéos, et enregistrements sonores.

 

Packed : Où se trouve géographiquement la copie miroir ?

René Paquet : Actuellement, elle se trouve dans les magasins du bâtiment qui sont équipés de murs de soixante centimètres de largeur environ. Le bâtiment lui même a été construit pour résister aux attaques nucléaires, excepté le cinquième étage. Avant cela, nous avions un entreposage à 90 km d’ici, mais les conditions d’entreposage y ont été défectueuses et la décision a été prise de tout ramener ici. Lors de veilles effectuées sur les bandes entreposées là-bas, nous avions dix fois plus d'erreurs de bit rate que pour les bandes entreposées ici. Dès lors, il était plus sûr de les conserver dans le même bâtiment que dans un entreposage éloigné où le risque de perdre des données était plus important. Lorsque les normes seront respectées dans cet autre lieu, les copies miroir y retourneront.

 

Packed : Des copies d'accès sont-elles aussi créées ?

René Paquet : Oui, au moment où la copie maîtresse est réalisée, une copie de consultation est créée au format H.26423 et est dirigée vers des disques durs pour être stockées. Pour faire cela nous avons fait appel à la société Samma24 qui utilise des multi-encodeurs qui peuvent encoder en plusieurs formats comme le MJPEG2000, le MPEG-2, ou encore en MOV, etc.

 

Packed : Les parties hardware et software du système ont été fournies par Samma Systems ?

René Paquet : Oui, c'est un système qui est aussi utilisé à la Bibliothèque du Congrès à Washington. Ils ont même des systèmes robotisés, qu’on devrait nous aussi prochainement avoir pour les ¾ de pouce.

 

Packed : Les fichiers comportent-ils du metatagging ?

René Paquet :Oui, et à l'avenir, on pourra indexer l'image grâce à du texte, pour qu'ensuite grâce à une recherche textuelle, on puisse positionner la vidéo sur l'image correspondante. Cela pourra aussi être réalisé grâce aux sous-titrages pour sourds et malentendants en indexant les sous-titres. Ceci est encore en développement, mais devrait permettre de grandement faciliter les recherches.

 

Packed : Est-ce que les archives vidéo seront aussi consultables sur le web ?

René Paquet : Oui mais ceci n'est pas encore d'actualité, car il reste encore à établir les protocoles et les formats qui seront utilisés pour le site Web.

 

Packed : Comment sont réalisés les contrôles de qualité ?

René Paquet : Le contrôle de qualité se fait de manière automatisée : nous développons actuellement une liste de 48 paramètres audio et vidéo qui sont observés durant l'analyse d'un signal. Lorsque le système détecte des anomalies, il les rapporte.

 

Packed : S'agit-il de paramètres qui étaient auparavant contrôlés par des opérateurs visuellement sur des moniteurs, des oscilloscopes, des vectorscopes, etc. ?

René Paquet : Oui et cela est beaucoup plus précis qu’un opérateur qui doit savoir par exemple combien de drop-outs il y a et indiquer à quel endroit ils se trouvent. Pour le système actuel le contrôle de qualité vérifie les noirs, les drop-outs, la vidéo à l’entrée, si le RF est trop bas, l’audio, le servo-système, etc.

 

Packed : Y a-t-il d'autres étapes dans la numérisation des bandes ?

René Paquet : Oui, pour certaines émissions ou programmes qui ont une durée plus importante qu'une seule bande, et qui doivent être réparties sur deux ou trois bandes tel un film réparti sur plusieurs bobines. Dans ces cas là, nous les assemblons une fois qu'elles sont numérisées, et nous créons un gros fichier qui est ensuite renvoyé dans la chaîne pour être stocké sur LTO.

 

Packed : Est-ce que l'assemblage lui aussi est automatisé?

René Paquet : Non, on encode les bandes, puis on envoie cela dans un entreposage temporaire nommé staging consacré à cela, où un opérateur va venir faire l’assemblage puis le remettre dans la chaîne. Lorsqu’il le renvoie, un checksum est fait.

 

Packed : Est-ce que toute la procédure est inscrite dans le fichier XML qui accompagne le fichier vidéo ?

René Paquet : Oui, c'est un fichier XML qui contient de nombreuses informations, dont le type de conteneur, l'IDC, le numéro du fichier, le format, ou encore le checksum, le contrôle de qualité, l’historique du transfert, etc. Le fichier XML est nommé d'après l'identifiant du programme numérisé. Les métadonnées qu'il contient peuvent être très techniques, et sont utilisées surtout au niveau de la production, post-production, etc.

 

Le fichier XML d'une bande numérisée.

 

Packed : Avec du recul, est-ce que les bandes D-2 étaient un bon choix pour mettre en place et commencer le processus de numérisation ?

René Paquet : Oui. De plus, nous avons ainsi pu estimé approximativement le temps qu'il faut pour faire un fichier de préservation : 16 % sont consacrés au processing vidéo, mais cela varie aussi selon le type d’ordinateur utilisé, moi j'ai pris comme référence le System Samma qu'on utilise ; le contrôle de qualité auquel on consacre beaucoup de temps représente 31 % ; les contrôles automatisés, représente 15 % du total tandis que le reste comprend le voyage des données d’un serveur à un autre, ce qui nécessite un grand nombre de comparaisons du checksum. Ensuite il y a le tape storage process, c'est à dire le stockage sur bande et la mise en ligne dans la base de données. Qu'il s'agisse d'une bande D-2, U-matic ou Quadruplex, la structure des dossiers est toujours la même, et il y aura toujours un MXF, un h.264 et un XML qui seront créés et archivés.

 

Packed : Comment a été choisi le format MJPEG 2000 pour la préservation ? Avez-vous regardé ce que d'autres archives avaient choisi comme format ?

René Paquet : On a regardé ce que d'autres institutions avaient choisi mais aussi évalué ce qui était le plus intéressant pour nos archives à long terme et pour leur entreposage. Cependant le choix du MJPEG 2000 comporte certains inconvénients : à l'heure actuelle, il n’est pas très populaire et l'offre d'outils lorsque l'on veut faire du montage par exemple est très limitée. Cependant cela se développera d'ici peu. Avant le MJPEG 2000, on a aussi étudié l’utilisation du MPEG-2, 4:2:2, mais il y avait une perte au niveau de la chrominance. Donc entre un format où il y avait de la perte et un format où il n’y en avait pas, on a choisi un format sans pertes. La compression sans perte est un compromis, et si on le pouvait on aurait utilisé des fichiers non-compressés. Mais le choix de la compression est aussi un choix économique : toutes ces heures d'enregistrements nécessitent beaucoup de LTO, beaucoup de disques durs, de systèmes informatiques et de serveurs haute performance pour pouvoir les stocker et les tracker.

 

Packed : Mais au début, vous aviez commencé en MPEG-2 ?

René Paquet : Oui. Pour l’archivage des vidéos, on a utilisé MPEG-2 à peu près pendant vingt ans décodé et mis sur Digital Betacam.

 

Packed : C’est au moment de passer au LTO, que vous avez choisi le MJPEG 2000 ?

René Paquet : Oui, cependant le LTO avait été utilisé avant ça, car je faisais partie du service informatique et j’utilisais LTO pour stocker toutes les données géomatiques et les bases de données du gouvernement fédéral. Avant le LTO il y a aussi eu le SDLT25, et avant ça encore le DLT26, le 8 mm backup format27, 4 mm28, les bandes 9 track bobine à bobine29. On a encore plusieurs milliers de ces bandes à transférer d'ailleurs. L'informatique a évoluée beaucoup plus vite au niveau de la migration que la vidéo, en partie parce que la migration informatique est plus critique. Si le LTO a été introduit, c'est parce que c’était le format le plus économique, le plus stable et le plus fiable, et parce que c’est un format ouvert, ou presque.

 

Packed : Justement, quelle est la relation entre les départements vidéo et celui de l'informatique ?

René Paquet : Il peut exister une certaine animosité entre les deux et un de mes projets a été de faire le lien entre eux afin d'opérer un rapprochement. Le problème est plus une question de culture et de formation. À un niveau gouvernemental, l'informatique n'est envisagée que comme des systèmes de bases de données et de bureautique. Or un système adapté pour de la bureautique n’est pas adapté au traitement de la vidéo.

L'informatique aime beaucoup contrôler, mais elle a un manque d’expertise dans le domaine des fichiers vidéo. C'est une relation qui cependant fonctionne relativement bien, mais il y a encore des conflits et des frictions au niveau de la gouvernance. Il ne s'agit pas de problèmes techniques, ce sont des problèmes de mentalité, qui s'arrangeront certainement avec les années.

 

2ème partie : Gestion des équipements et de l'obsolescence

 

Packed : Combien d'équipement possédez-vous ?

René Paquet : Nous possédons 1150 pièces d’équipement servant uniquement pour la préservation. J’ai divisé l'équipement en trois catégories : La catégorie mécanique, qui comprend surtout des équipements pour le film, et qui représente 150 unités utilisées ; la catégorie électronique, composée essentiellement d'équipements vidéo des années 1960 à 1990 et qui représentent 610 unités ; la dernière catégorie comprend les équipements plus récents, le hardware et le software qui représente environ 390 unités, mais c'est un nombre qui grandit sans cesse.

 

Packed : Quels types d'équipements vidéo possédez-vous ?

René Paquet : On a tous les systèmes vidéo qui ont existé au Canada depuis l'arrivée de la vidéo, c’est-à-dire depuis 1956. Nous avons des machines 2 pouces AVR-1 de la compagnie Ampex qui sont à la fois low-band et high-band. Elles comportent de nombreux tiroirs remplis de cartes électroniques, mais ce sont des machines qui fonctionne aussi beaucoup avec l'air : le transport de la bande est entièrement géré par des valves pneumatiques. Nous avons aussi une dizaine de systèmes AVR-2 2 pouces Quadruplex actuellement entreposés. Il s'agissait à l'époque de matériel portatif utilisé dans les studios mobiles pour retransmettre des parties de baseball par exemple. Nous possédons des machines 1 pouce datant des années 1980 qui nous servirons à transférer environ 13 000 bandes de trois heures chacune. Puis nous avons des U-matic, BVU30, D-2, Digital Betacam, etc.

 

Packed : Les machines sont-elles cataloguées ?

René Paquet : Oui, grâce à l'inventaire qui a été réalisé, elles ont été cataloguées et par leur numéro d’asset, on peut connaitre leur numéro de série et leur modèle.

 

Packed : À quel rythme sont utilisés les équipements ?

René Paquet : Cela dépend des projets. On élabore un plan d’action, et si par exemple il concerne les machine ½ pouce open reel, on va faire venir les machines que l'on possède dans l’entrepôt, les mettre en marche et faire le transfert.

 

Packed : Comment est gérée la maintenance de ces équipements ?

René Paquet : 90% de nos équipements ont plus de 10 ans et les 10 % restant ont presque tous plus de 5 ans. La maintenance est séparée en trois catégories. Une zone verte qui comporte 60 pièces d'équipements dont la maintenance est encore réalisée par le constructeur ou le vendeur. Lorsque le vendeur n'assure plus la maintenance, l'équipement passe dans une zone intermédiaire représentée par la couleur jaune, qui comprend 590 pièces d'équipements et correspond à la maintenance que nous effectuons nous-même ici. La dernière zone, qui est la zone rouge est la maintenance réalisée ad hoc, de façon ponctuelle pour un certain équipement qui ne bénéficie plus depuis longtemps du service du constructeur. La zone rouge comprend actuellement 500 pièces d'équipements. Quand un équipement est dans la zone rouge, cela veut dire qu'il est véritablement obsolète et s'il est dans la zone verte, cela veut dire que le vendeur assure encore la maintenance. La zone jaune est une sorte d'entre-deux.

 

 La maintenance est séparée en trois catégories. Avec la permission des Bibliothèque et Archives du Canada.

 

Packed : Quels sont les équipements que vous arrivez encore à réparer vous-même ?

René Paquet : Cela dépend de la catégorie d'équipement dont il s'agit ; pour les équipements de la catégorie électronique, cela concerne principalement les lecteurs 2 pouces, 1 pouce et ¾ de pouce. Dans la catégorie mécanique, il s'agit d'appareils pour le film : les printer et les duplicateurs de films.

 

Packed : Est-ce que la maintenance est aussi réalisée en interne pour les équipements se trouvant dans la zone rouge ?

René Paquet : Oui, lorsque par exemple on refait le design d’une partie de la machine comme une carte électronique ou un circuit imprimé. La zone rouge est celle où l'on essaye de ne jamais se retrouver. La situation de l'équipement est un des critères pour la migration. S'il se trouve dans la zone rouge, cela indique qu'il faut effectuer la migration dans les plus brefs délais. La zone jaune est le signal qui doit alerter pour mettre en place le plus rapidement possible le transfert vers un support plus récent, car sinon cela sera très compliqué et très coûteux.

 

Packed : Quels sont les équipements vidéo qui se trouvent encore dans la zone verte?

René Paquet : Il s'agit des nouveaux équipements très récents, et le Digital Betacam est encore dans cette zone. Il y a aussi les équipements de haute technologie, comme les lecteurs de bandes LTO-4. Notre but est d'avoir effectué la migration avant que l'équipement ne passe dans la zone jaune. À terme, la migration devra aussi être automatisée, et par exemple après deux nouvelles générations de LTO, le robot effectuera la migration vers LTO-7.

 

Packed : Y a-t-il un contrat de maintenance qui est passé avec le vendeur ou le constructeur à l'achat de l'équipement ?

René Paquet : Oui. L’idéal, est de rester dans la zone verte, car la zone jaune coûte relativement cher, et la zone rouge excessivement cher. Dans la zone jaune cela peut être hybride, mais on va d'abord chercher une tierce partie pour s'en charger. La maintenance nous coûte environ 10 à 15 % du prix d’achat de l’équipement. Dans le rouge, on va en plus avoir des problèmes pour trouver les pièces et le savoir très spécifique associé à un équipement ou à une panne.

 

Packed : Avez-vous assez de machines pour effectuer l'intégralité du transfert de toutes les bandes ?

René Paquet : Oui, normalement on devrait avoir assez de machines pour compléter la migration.

 

Packed : Possédez-vous aussi un stock de pièces détachées ?

René Paquet : Oui. Lorsqu’on fait l’acquisition des pièces de rechange que l’on peut trouver, on en achète de 10 à 20 % en plus que la quantité dont on pense avoir besoin. Si on n'a pas ce pourcentage de pièces en plus, c’est qu'il s'agit de pièces encore aisément disponibles pour des équipements dans la zone verte comme le Digital Betacam. Pour les équipements dans la zone rouge, on doit se débrouiller comme on peut avec souvent 0% de pièces de rechanges en plus, c'est principalement pour les équipements dans la zone jaune que nous essayons d’avoir 20 % de pièces en plus.

 

 Pièces et composants électroniques de rechange pour les lecteurs vidéos.

 

Pièces et composants électroniques de rechange pour les lecteurs vidéos.

 

Packed : Quels formats retrouve-t-on dans la zone rouge ?

René Paquet : On y retrouve par exemple l'IVC 9000 pour format 2 pouces hélicoidal, qui était utilisé dans les années 1970 et au début des années 1980, comme format d'archivage aux Archives du Canada. Après avoir pris cette décision, ils ont modifié la machine pour pouvoir enregistrer quatre heures au lieu de deux heures sur une bande, ce qui a permis de doubler la capacité de stockage. Cela a entrainé des compromis sur la qualité, des pertes au niveau des fréquences, etc. De plus, c’est une machine unique en son genre et beaucoup de pièces ou de circuits ne sont plus disponibles sur le marché.

 

Packed : Que faites vous dans ces cas là ?

René Paquet : On re-design des pièces ici en interne pour refaire fonctionner la machine. Il s'agit surtout des parties électroniques. Soit on refait le design des circuits afin de stabiliser la time base correction31, ou alors nous stabilisons les systèmes de servomécanismes qui sont très instables, pour obtenir une production de meilleure qualité. Il arrive que nous devions changer les circuits de mémoire qui sont parfois des cores magnétiques. L’idée étant d'obtenir le meilleur signal possible et d'en faire un fichier.

 

Packed : Cependant, certaines machines ne sont pas en fonctionnement ?

René Paquet : Oui certaines sont simplement entreposées. Cela dépend du plan d’action décidé d’après les veilles réalisées sur les collections et les bandes à transférer en priorité en fonction des contenus et de l’état physique des supports.

 

Packed : Comment sont entreposés vos équipements?

René Paquet : Le plus gros problème pour les équipements, c'est d'avoir un endroit où les entreposer. On est souvent obligé de prendre « ce qui reste » en terme de lieux de stockage et les conditions climatiques ne peuvent pas vraiment être contrôlées. La seule seule chose qui est véritablement bien contrôlé est la sécurité et l'accès physique aux machines.

 

Packed : Idéalement, quelles conditions climatiques souhaiteriez-vous pour les équipements ?

René Paquet : Pour moi, il devrait s'agir des mêmes conditions que pour les bandes magnétiques 18°C et 40% de RH. Cependant, je n’ai aucune donnée précise concernant cela.

 

Packed : Utilisez vous des boites pour entreposer les équipements ?

René Paquet : Seulement lorsque l'on doit envoyer un équipement à l’extérieur, dans ce cas là on a des boîtes spécifiques faites sur mesure. Bien entendu cela ne concerne pas les 2 pouces ou les Quadruplex, mais les machines comme les lecteurs Digital Betacam ou D-2 par exemple. Elles servent principalement l'envoi de l'équipement à la maintenance. Il nous est arrivé très rarement de prêter les appareils ; au musée d'art contemporain de Montréal par exemple.

 

 Une boite servant lors du transport des lecteurs vidéo.

 

Packed : Qui fabrique ces boîtes ?

 

René Paquet : On les commande en donnant nos spécifications à une société de plastique à Ottawa spécialisée dans la fabrication de ce genre de boites. Il y a plusieurs compagnies qui fabriquent ce genre de boîte. Lorsqu’on envoie de l’équipement par avion on met les équipements dans ce type de boîtes.

 

Packed : Quand les équipements sont entreposés très longtemps, les branchez-vous de temps en temps pour les faire fonctionner ? Cela fait-il partie de la maintenance régulière effectuée ?

René Paquet : Non, car premièrement, les lieux d’entreposage n’ont pas les installations électriques adéquates pour faire cela. Notre difficulté première, c'est d'avoir un espace pour ces équipements, surtout lorsqu'il s'agit d'appareils 2 pouces Quadruplex, qui prennent beaucoup d’espace. La personne en charge de la gestion de l’espace va dire que c’est trop gros et nous demander de réduire l'espace utilisé et demander si on ne peut pas démonter la machine, enlever cette partie, etc. Le simple fait de pouvoir les préserver en entier, représente quelque chose ! L’espace que cela représente au mètre carré, revient très cher, alors nous ne sommes pas en mesure de contrôler l'humidité ou la température du lieu de stockage. Avant nous les conservions dans le bâtiment principal des archives, mais l’espace étant très limité et les coûts au mètre carré élevés, on ne pouvait pas le justifier.

 

Packed : Où sont-ils entreposés à présent ?

René Paquet : Ils sont stockés dans un entrepôt externe, appartenant au gouvernement fédéral qui nous l’a prêté pour les équipements. C’est un grand entrepôt, qui sert aussi à certains musées qui manquent d'espace de stockage. On peut aussi bien y trouver nos lecteurs 2 pouces qu'un autobus par exemple.

 

Packed : Comment est gérer l'obsolescence des équipements et la migration d'un point de vue budgétaire?

René Paquet : Si on formalise la migration avec des courbes, on a la courbe A pour le format original, et la courbe B pour le nouveau format de destination. Le moment idéal pour la migration, sera lorsque le format A devient moins populaire, tandis que le format B lui, gagne en popularité. La période de disparition du format A, qui débute à ce moment de transition est environ le temps qu'il faut calculer pour effectuer la migration. Si on fait la migration trop tôt, on risque de ne pas faire un bon choix pour le format de destination, et en plus ce dernier et les technologies qui l'accompagne étant très récents, coûteront très cher. Donc on laisse mûrir la technologie, et ce n'est qu'ensuite que nous l'adoptons. Même si c'est surtout parce qu'il était lossless, c'est aussi de cette façon que nous avons choisi le MJPEG 2000.

Si on compare l'augmentation du prix de la maintenance par rapport au risque qu'encours la collection, on peut voir que peu importe la somme d’argent investie dans la maintenance, le risque de perdre des documents augmentera lorsqu’on est dans la zone rouge. Si on effectue la migration trop tôt, cela coûte très cher, et si on commence trop tard, cela coûte excessivement cher. Si on ne migre pas assez tôt, il n’y a pas que le risque pour la collection qui augmente, mais aussi les coûts. Démontrer cela visuellement grâce à des courbes, sert à montrer aux administrateurs d'une collection ce qu'il est nécessaire de faire pour fonctionner en tant qu'archives. Elle montre aussi que les financements nécessaires pour investir dans des nouveaux formats permettront d'économiser de l’argent sur l'ensemble du processus de sauvegarde.

 

 Avec la permission des Bibliothèque et Archives du Canada.

 

Packed : Donc le risque d'une migration très chère parce que trop tardive est un moyen de plaidoyer pour une sauvegarde plus anticipée de la collection.

René Paquet : Oui, et puis si on attend trop longtemps, les risques pour la collection seront véritablement augmentés.

 

Packed : Comment est évaluée la maintenance nécessaire aux équipements pour effectuer la migration ?

René Paquet : Pour cela comme pour les bandes nous avons réalisé une enquête. Au cours d'un inventaire, chaque appareil a été identifié par son format, le fabriquant, et le nombre d'équipements de ce type que l'on possède. Nous avons aussi noté le nombre de bandes que l'on possède dans ce format, le nombre d'heures qu'il reste à transférer, et le nombre d'heures pendant lesquelles les machines sont utilisées par mois ou par année. Cette enquête montre aussi par qui est effectuée la maintenance (le fabricant, une personne en interne, etc.), avec quelle régularité elle est effectuée, les problèmes les plus fréquents rencontrés, et indique si on pourrait remplacer la machine par une autre utilisant une technologie d'aujourd'hui.

Après avoir réalisé cet inventaire des équipements et des problèmes typiques que l’on rencontre, on suit un programme de maintenance auquel les données récoltées durant l'enquête sont ajoutées. Ce programme en développement s'appellera l'electronic maintenance program et comportera plusieurs niveaux de maintenance. Il s'agit d'une part de la maintenance préventive c’est-à-dire la maintenance au jour le jour, que l’opérateur doit faire quand il arrive à son poste. Ensuite, il y a la maintenance corrective, qui elle va corriger les problèmes.

L'electronic maintenance program, regroupera ensuite en plus des données de l'enquête un certains nombre d'autres données nécessaires à une maintenance optimale comme l'historique des réparations (Quoi ? Quand ? Comment ? Par qui ? À quel coût ? etc.), l'inventaire des pièces (les condensateurs32, les têtes de lecture, etc.), les contacts professionnels (techniciens, vendeurs, etc.) ainsi que d'autres éléments importants. Ce système est plus ou moins compatible avec le standard ITIL qui sert à maximiser les études.

 

Packed : Avez-vous un inventaire de toutes les pièces de rechange ?

René Paquet : Cet inventaire n'existe plus depuis cinq ou six ans environ au moment où le département de maintenance vidéo a été intégré au service informatique. Les données sur les pièces ont été supprimées parce qu'elles n'ont pas été considérées utiles au fonctionnement du service informatique comme elles concernaient la vidéo. C'est un accident de parcours dans la mise en place de l'electronic maintenance program, et l'inventaire des pièces et leur enregistrement dans une base de données devra être refait.

 

Packed : Quels autres types d'informations seront présents dans ce système ?

René Paquet : Les contacts professionnels, un prestataire pouvant faire la réparation, ou encore une personne pouvant apporter des conseils concernant telle ou telle machine, etc. Puis les indices techniques en feront aussi partie, c'est à dire ce qu’il faut regarder en premier pour éviter telle panne. Pour les équipements récents tout cela est géré par un logiciel qui explique ce qu’il faut faire, mais cela n'existe pas pour les vieux équipements. Une partie concernera la gestion du savoir en interne afin d'assurer la relève.

 

Packed : Donc il s'agit de gérer la transmission du savoir d'un employé à un autre ?

René Paquet : Oui, c’est la gestion des connaissances.

 

Packed : Donc toutes ces informations seront réunies dans l'electronic maintenance program?

René Paquet : Oui mais nous en sommes encore à la phase projet, le système n’existe pas encore. Une fois qu'il sera prêt, il sera intégré au système de bases de données Oracle qui gère l'ensemble des collections.

 

Packed : Comment est organisée la maintenance ?

René Paquet : Il y a trois niveaux de maintenance, quotidienne, préventive et curative. Dans la zone verte se sont les compagnies qui font la préventive, comme mettre à jour leur software ou le hardware. Dans la zone jaune, la maintenance quotidienne et préventive est faite en interne, c’est-à-dire au niveau opérationnel. Cela est réalisé par des techniciens formés pour faire certaines opérations : Ensuite, un technicien plus qualifié vérifie les réponses aux fréquences et s'assure que les servomécanismes sont encore correctement alignés. Lorsque cela va au delà, il s'agit de maintenance curative, où l'on va par exemple changer des pièces, réaligner ou re-designer certaines parties de la machine.

 

Packed : Est-ce qu'une documentation est créée par les techniciens les plus expérimentés à destination des autres ou futurs membres de l'équipe ?

René Paquet : Oui, on appelle cette documentation ‘les lignes directrices’ ou ‘les procédures’. Ces procédures à suivre sont écrites, mais comme je l’ai mentionné, beaucoup de ces données-là ont été perdues à un certain moment du fait de la mésentente qui existe entre les départements d'informatique et de vidéo. C’est un travail que nous devront refaire, mais dans l'état actuel des choses les données de maintenance sur les équipements et l'inventaire des pièces détachées n'existent que dans la tête des techniciens.

 

Packed : Sera-t-il possible de connaître l'historique de maintenance et de réparation d'un équipement ?

René Paquet : En ce moment nous sommes en train de développer un système qui s'appelle le C2. C’est un système qui rapporte tous les problèmes que peuvent connaître les ordinateurs ou les mainframe, … que nous possédons. Ensuite quelqu’un s’occupe de recevoir les signalements d'anomalies et de les dispatcher vers un spécialiste. Le spécialiste reçoit une demande et répare le problème, le documente et envoie cela dans une base de données avec le numéro d’asset.

Actuellement, cela fonctionne pour les problèmes informatiques et on tente de faire la même chose pour la vidéo, ce qui inclut le LTO, les bandes Quad, D-2, AVR-2, et toutes les bandes ou serveurs étant utiles au département vidéo. Chaque appareil ici a un numéro d’asset. Grâce au numéro d’asset de chaque équipement, on est en mesure de l’incorporer à un sous-système du système C2. Aussitôt que quelqu’un signale un problème, il sera encodé, et ré-aiguillé vers un technicien à l’externe ou à l’interne. Le problème va être identifié puis réparé et renvoyé dans la base avec une description de ce qui a été fait, ce qui a causé le problème, combien de temps ça a pris. Cela est encore au stade de l'ébauche, mais devrait être opérationnel d'ici peu.

 

Packed : Combien de techniciens travailent ici ?

René Paquet : Il ne reste plus que moi, tous les autres sont partis à la retraite. [René Paquet devrait quitter Bibliothèque et Archives du Canada au courant de l’année]

 

Packed : Est-il prévu de former quelqu'un d'autre ?

René Paquet : C'est quelque chose qui devrait être fait, mais ce n'est pas chose aisée. Le problème c’est que si la personne est qualifiée dans les nouvelles technologies, il est beaucoup plus attrayant pour cette personne de travailler sur les nouvelles technologies parce qu’il y a de l’avancement. Or, lorsque l'on travaille sur les anciennes technologies, on recule d'une certaine manière, et cela pose un sérieux problème au niveau du recrutement. J’ai travaillé au bureau de l’ingénierie de Radio Canada, et lorsque j'ai proposé du travail intéressant à d'anciens collègues, ils m'ont répondu qu'ils avaient oublié ça et qu'ils étaient passés à autre chose. Les spécialistes du domaine ont évolué avec la technologie et cela ne les intéresse pas de conserver les connaissances liées à ces vielles machines.

Trouver du personnel est une chose véritablement ardue et développer des moyens d’attirer des personnes qualifiées dans ce domaine aussi. Il arrive qu'on trouve quelqu’un qui a déjà fait de la maintenance et que ça intéresse, mais l'engager peut se révéler être un fiasco parce qu'on peut être qualifié pour réparer une TV mais pas un système broadcast. Les systèmes broadcast demandaient déjà à l'époque une grande spécialisation, c’était plus spécifique, ce n'était pas comme le VHS33. C'est une chose qui peut se révéler difficile à expliquer à l’administration.

Une des recommandations que j'ai faite est d’engager deux ingénieurs en électroniques pour faire la maintenance, mais je n’en ai toujours pas trouvé. Le problème réside aussi dans le fait que la manière de fabriquer un circuit électronique a évolué avec le temps et que les étudiants de nos jours n'apprennent plus cela. Aujourd’hui, l’électronique est beaucoup plus orientée vers les ordinateurs, les processeurs, etc. Il y a trente ou quarante ans, la mécanique, les servomécanismes, … étaient beaucoup plus utilisés qu'aujourd'hui où la miniaturisation a rendu les choses plus difficiles.

 

Packed : Donc il est rare que vous puissiez faire appel à des prestataires externes, sauf lorsque l'équipement se trouve dans la zone verte ?

René Paquet : Dans la zone jaune on peut avoir une maintenance partagée : interne et externe. Le but étant que le transfert de connaissances liées à une technologie soit fait de la compagnie vers les employés des archives avant que l'on arrive dans la zone rouge, et que les compagnies arrêtent complètement leurs services.

 

Packed : Quelles est la politique d'acquisition des équipements ?

René Paquet : Au niveau des acquisitions, il y a un comité qui décidé si la collection a besoin d'un équipement ou pas en fonction du plan d'action. Si c'est un besoin, on fera l’acquisition, et c’est par cette procédure que quasiment tous les équipements ont été acquis. Le plan d’action prend en compte les équipements nécessaires, la maintenance dont ils vont avoir besoin et les coûts cumulés.

 

Packed : Par quel biais achetez-vous des équipements et des pièces de rechange ?

René Paquet : Par eBay bien évidement, mais aussi en développant des contacts avec les compagnies par le biais du NAB National Association of Broadcasters et du IBC34 International Broadcast Convention. NAB est un salon de l’industrie nord-américaine, tandis que IBC est plutôt européen. Ce sont des salons internationaux où on peut rencontrer beaucoup de constructeurs ; c’est du réseautage entre personnes.

 

Packed : Et pour les pièces de rechange ?

René Paquet : Le premier contact est fait avec la compagnie, qui va nous dire s'ils peuvent avoir la pièce ou pas et en combien de temps, excepté avec la compagnie Ampex, qui n’existe plus. Ensuite il y a des firmes spécialisées.

 

Packed : Avez-vous des équipements qui ne servent que pour leurs pièces ?

René Paquet : Oui, nous conservons certains appareils uniquement pour les cannibaliser.

 

 Le tambour de têtes d'un lecteur Ampex de bandes 1 pouce.

 

Packed : Les moniteurs intégrés aux anciens lecteurs sont-ils aussi réparés en interne ?

René Paquet : Oui, car Tektronix35 ne les répare plus. Cependant il est aussi possible de les remplacer par des équipements plus modernes comme des moniteurs LCD.

 

Packed : Quels autres types de réparations et de modifications effectuez-vous ?

René Paquet : Pour la plupart, nos équipements ne sont plus originaux, car nous avons effectué beaucoup de modifications afin qu'ils soient plus stables. Cela est rendu nécessaire du fait des fluctuations de température qui font varier les caractéristiques des transistors et fait que les servomécanismes ne travaillent plus dans leurs valeurs normales. Pour le modèle IVC 2 pouces hélicoïdal, que j'ai déjà évoqué, nous sommes en train de travailler pour y installer une sortie numérique en SDI afin de pouvoir convertir le signal en fichier. La qualité est encore relativement bonne, mais c'est une machine qui a été modifiée et remodifiée plusieurs fois pour permettre cela.

Sur cette machine, le circuit a été modifié, car il avait beaucoup de problèmes de correction du time base. Il a fallut collé des nouveaux circuits parce qu’il n’y avait plus de place sur la carte originale pour permettre une stabilisation du système de servomécanismes de la machine. C’est un exemple d'équipement se trouvant en plein dans la zone rouge de la maintenance. Lorsqu'il nous manque une carte, on va la re-designer pour deux raisons : parce qu'elle n'est plus disponible et parce que le nouveau design va aller chercher le maximum de la machine. Certaines cartes sont simplement modifiées, tandis que d'autres nécessitent d'être entièrement recrées.

Tous ces types de réparations sont développés en interne car c’est la seule solution. Mais même si ce que nous faisons dans ce laboratoire s'apparente à de la préservation de la technologie, ce n'est pas fait dans un but muséal. Notre objectif est de pouvoir continuer à transférer les bandes dans les meilleures conditions possibles. C’est pour cela que nous utilisons des appareils modifiés, et aussi beaucoup de software pour faire fonctionner les machines. Avec plus de temps et plus de personnel, nous aurions même la possibilité de développer un système spécialisé pour contrôler le fonctionnement du système de lecture de la machine par un ordinateur.

 

 Deux cartes électroniques pour lecteurs IVC 2 pouces hélicoïdale. Celle de gauche à été légèrement modifiée, tandis que les composants de celle de droite ont été presque intégralement remplacés par des composants plus modernes, tout en utilisant le support original.

 

Packed : Mais les problèmes d'origines électroniques sont tout de même plus difficilement réparable sur des équipements plus modernes?

René Paquet : Oui, les problèmes de circuits intégrés sont un peu plus complexes à réparer.

 

Packed : Les équipements sont-ils aussi documentés par les techniciens eux-même ?

René Paquet : Oui par exemple en mettant les manuels à jour lorsqu'une modification est effectuée. Lorsqu’on refait les dessins pour les nouveaux circuits, nous utilisons Autocad, mais beaucoup de ces dessins ont été perdus.

 

 Un schéma électronique annoté par un technicien

 

Packed : Où sont conservés les manuels ?

René Paquet : Ils sont conservés à la fois dans le laboratoire où l'on répare les machines et dans une bibliothèque interne des archives qui s'appelle la bibliothèque Lanctôt du nom d'un célèbre archiviste. C'est une bibliothèque consacrée à la conservation et c'est là que se trouvent les manuels et certaines documentations réalisées par les techniciens.

 

 La bibliothèque de manuels du laboratoire.

 

Packed : Est-ce que la documentation conservée dans cette bibliothèque est reliée aux numéros d'asset des équipements ?

René Paquet : Non pas réellement, le technicien doit savoir lui même où chercher l'information pour l'instant. Cependant en dehors des manuels eux-même, une grande partie de la documentation est aussi quelque chose que l'on va chercher sur internet.

 

Packed : Quels sont les problèmes et les pannes les plus fréquemment rencontrées ?

René Paquet : Les systèmes de servomécanismes, l'usure des têtes de lecture, les pinch rollers36, il y a aussi des freins qui s'use sur la plupart des équipements 2 pouces, 1 pouces format C et le format U-matic. Les courroies ne sont pas véritablement un problème car il existe des entreprises qui peuvent fabriquer des courroies sur mesure avec le diamètre adéquat. Les problèmes que nous avons eus avec les courroies, ce sont surtout des problèmes pour calculer leur diamètre. L'inventaire des équipements apportera aussi un éclairage sur les pannes les plus fréquentes. Mais la meilleure source d'informations reste l'expérience des opérateurs qui ont et continuent à travailler plus particulièrement avec une machine.

 

Packed : Quelles sont les pannes qui ont leur origine dans une longue période d'entreposage ?

Ce qui est sur, c'est que les condensateurs au bout d'un certain temps vont sécher, les diélectriques à l’intérieur vont être défectueux car leur capacitance va changer, et au lieu d’avoir par exemple une valeur de 100 micro farat elle sera de 40 micro farats. Pour les courroies, si elles restent trop longtemps sous tension, elles vont avoir tendance à garder une forme et à perdre leur élasticité. C'est pourquoi il peut être recommandé que la tension exercée par les systèmes de courroies soit un peu relachée ou que les courroies soient mises de côté. Le problème c'est qu'en termes de temps et de coûts, faire ce genre de chose n'est pas rentable par rapport à la durée de fonctionnement supplémentaire qui va être gagnée.

 

Packed :Avec quoi nettoyez vous les lecteurs ?

René Paquet : Nous utilisons de l’alcool à 99 % pour nettoyer les parties métalliques. Nous utilisons aussi ça pour les parties en caoutchouc comme les pinch rollers, mais il y a une possibilité que cela fasse durcir le caoutchouc.

 

Packed : Y a-t-il aussi des problèmes d'ordre purement mécanique ?

René Paquet : Ce qui peut arriver c'est que des parties mécaniques comme les engrenages soient difficiles à faire fonctionner parce qu'un graissage qui était là à l'origine est parti ou a séché. J'ai souvent eu des problèmes avec des parties mécaniques difficiles à faire fonctionner dans les lecteur ½ pouce open reel : les courroies, les roues d’entraînement, la roue en caoutchouc qui entraîne un autre mécanisme, etc. Cela affecte le tracking de la bande.

 

Packed : Peut-il y avoir des problèmes liés aux mémoires présentes dans les équipements ?

René Paquet : Au niveau des mémoires, c’est sûr que si l'information est perdue, cela va causer des problèmes. C'est aussi le cas pour les petites batteries de 3,5 Volt dans les anciens ordinateurs qui avaient une durée de vie de deux ou trois ans, il faut repérer les technologies dans lesquelles elles sont présentes et les changer. Et puis comme n'importe quelle pile si on les oublie à l'intérieur, elles peuvent finir par couler. Mais l'avantage avec l'informatique, c'est que contrairement à la vidéo analogique, lorsque l'on doit migrer l'information cela se fait la plupart du temps très rapidement.

 

Packed : Donc une fois toutes les collections sur LTO, la prochaine migration devrait être plus aisée et plus rapide ?

René Paquet : Oui, dans le monde de la vidéo file-based, on peut transférer une heure de vidéo d’un format à un autre en à peu près 15 minutes. Quant à la migration des bandes analogiques, nous avons prévu d'avoir toute notre collection disponible sous forme de fichier d'ici 2019.

 

 

Notes

 

  • 1. Le format 35 mm est un standard de pellicule photographique d'une largeur de 35 millimètres, créé à l’origine pour le cinéma. Il reste relativement inchangé depuis son introduction en 1892 par William Dickson et Thomas Edison. Le défilement standard pour le cinéma est de quatre perforations par image, soit environ 53 images par mètre. Le 35 mm a été désigné comme standard international en 1909 et est resté de loin le format dominant, grâce au bon compromis offert entre la qualité de l'image capturée et le coût de la pellicule. L'omniprésence du 35 mm en fait le seul format de l'industrie du cinéma, argentique ou numérique, à pouvoir être projeté dans la quasi-totalité des cinémas du monde. (Source: Wikipedia)
  • 2. Un interpositif est un positif tiré d'un original couleur.
  • 3. Un internégatif est un négatif tiré d'un positif original. Copie noir et blanc ou couleur (sonore), tirée dans des conditions optimales d'étalonnage et à laquelle doivent être conformes les copies d'exploitation. (Source : Grand dictionnaire terminologique, Office québécois de la langue française).
  • 4. Le 8 mm est un format de film de cinéma amateur lancé en 1932 par Kodak utilisant une pellicule de 8 mm de largeur (image 4,9 mm × 3,6 mm, soit un rapport de 1,36:1). En 1965, il évoluera en Super 8 en gardant la même largeur mais avec des perforations plus petites, donc une image agrandie de 36 %, de meilleure qualité, et surtout, beaucoup plus pratique de maniement. (Source : Wikipédia)
  • 5. La pellicule de 16 mm a été introduite par Eastman Kodak en 1923 comme une alternative amateur et bon marché au format conventionnel de 35 mm. 16 mm est en fait la largeur de la pellicule. D’abord destiné au marché amateur, l’industrie cinématographique l’a souvent considéré comme de qualité inférieure. Mais le 16 mm a été énormément utilisé par la télévision et l’est toujours par des auteurs de cinéma expérimental et d’autres artistes. Les principaux fabricants de pellicule de 16 mm aujourd’hui sont Kodak et Fujifilm.
  • 6. Le format 28 mm ou Pathé Kok fut créé en 1912 par Charles Pathé. Pellicule de 28 mm créée pour concurrencer le format 35 mm. Le Pathé Kok était en diacétate de cellulose, donc ininflammable, contrairement à la pellicule 35 mm en celluloïd. (Source Wikipédia)
  • 7. Le format vidéo 2 pouces quadruplex (aussi appelé 2" quad, ou simplement quad) était le premier format vidéo ayant un succès pratique et commercial. Il fut développé et mis sur le marché pour l'industrie de la télévision en 1956 par la société américaine Ampex.
  • 8. Le format 1 pouce de Type C est un format vidéo professionnel sur bobine qui fut co-développé et introduit par Ampex et Sony en 1976. Il remplaça le format qui dominait à l'époque à savoir le Quadruplex 2 pouces, du fait de sa plus petite taille et de la qualité vidéo légèrement supérieur des enregistreurs.
  • 9. Un enregistrement sur film d'une image vidéo diffusée sur un écran de télévision spécifiquement conçue à cet effet. Aussi appelé "Kine". C'était le seul moyen d'enregistrer des programmes TV (télévision) avant que la vidéo et les magnétophones ne soient inventés.
  • 10. Le 1/2” open-reel est un format vidéo analogique lancé et 1965. La bande 1/2” n’est pas contenue dans une cassette mais sur une bobine ouverte. Ces bandes ont été utilisées dans les premiers magnétoscopes portables et ont été largement utilisées par des artistes, des enseignants et des activistes. Pour résumer, il existe deux catégories de 1/2” open-reel : CV (Consumer Video/Commercial Video) et AV (EIAJ Type 1). Bien que les bandes paraissent identiques, les lecteurs ne sont pas compatibles.
  • 11. Le D-2 est un format professionnel de cassette vidéo numérique créé par Ampex et d'autres fabricants au sein d’un groupe de normalisation de la Society of Motion Picture et Television Engineers (SMPTE) et introduit lors de la convention NAB de 1988 (National Association of Broadcasters) comme une alternative à bas coûts au format D-1. Le format D-2 utilise une bande à particules métalliques de19 mm (¾ de pouce) logées dans trois tailles différentes de cassettes. L’Audio codé en PCM et le timecode sont également enregistrées sur la cassette. Bien que les bandes D-2 soient semblables en apparence au format D-1, les deux ne sont pas interchangeables. (Source : Wikipédia)
  • 12. Le SDI (Serial Digital Interface) est un ensemble d’interfaces vidéo définis par les normes de la SMPTE (Society of Motion Picture and Television Engineers).
  • 13. RTI est une entreprise américaine qui vend entre autre chose des machines pour nettoyer et évaluer les bandes vidéo de différents formats comme le 1 pouce ou l'U-matic. Voir : https://rtico.com/professional-videotape-cleaners-and-evaluators/
  • 14. L' U-matic d ¾ e pouce est un format vidéo analogique qui fut développé à la fin des années 1960 par Sony et qui consistait en une bande de ¾ de pouce à l'intérieur d'une cassette. Son successeur sera le format Betacam analogique.
  • 15. Le Betacam est un format d'enregistrement vidéo professionnel sur bande magnétique développé par Sony à partir de 1982 et lancé en 1983. Les cassettes, dont la bande fait 1/2 Pouce de large, comme le VHS existent en deux tailles : S et L qui sont de deux couleurs différentes. C'est le premier format analogique professionnel permettant d'enregistrer de manière séparée les signaux de luminance et de chrominance.
  • 16. Logiciel de la compagnie anglaise Gallery. Voir : http://www.gallery.co.uk/index.html
  • 17. Le Sticky-Shed Syndrome est un phénomène qui touche le liant – qui fixe la couche d’oxyde de fer sur son support plastique – et qui entraîne sa dégradation jusqu’à un point où il ne possède plus assez d’adhérence et la couche d’oxyde de fer se détache alors durant de la lecture. Cette désolidarisation entraîne des défauts (drop out) du signal lu sur ces bandes vidéo.
  • 18. Voir : http://www.cci-icc.gc.ca/index-fra.aspx
  • 19. Le Digital Betacam ou DigiBeta est une version numérique du format Betacam. Pendant très longtemps il a été considéré comme étant le format idéal pour les servies d’archivage des chaînes de télévision et pour des documents audiovisuels car il n’y a aucune perte de qualité générationnelle entre deux copies. Depuis qu’il devient apparent que les évolutions technologiques mèneront vers un archivage massif sans support physique, on prédit la disparition du digital Betacam en tant que format d’archivage.
  • 20. Le LTO est l'acronyme de Linear Tape-Open, un format ouvert développé à la fin des années 1990 pour le stockage des données sur bandes magnétiques. Il est vite devenu un standard et le format le plus utilisé pour conserver des données. La dernière version est le LTO-5 arrivé en 2008 avec 1,5 To de capacité et un débit à 140 Mo/s. Le LTO-6 prévoit d'avoir une capacité de 3,2 To et un débit 270 Mo/s.
  • 21. Le MJPEG 2000 ou Motion JPEG 2000 est la partie 3 de la norme de compression d’images JPEG 2000 et est une application à la vidéo. Le principe est très simple : chaque image de la vidéo est codée au format JPEG 2000. Une vidéo MJPEG 2000 est donc une simple concaténation d’images au format JPEG 2000, moyennant quelques modifications mineures sur les en-têtes.
  • 22. Le MXF (Material eXchange Format) est un format servant de « conteneur » ou d’« encapsuleur » à des contenus audio et vidéo numériques professionnels, défini par un ensemble de standards de la SMPTE. Le MXF peut comprendre plusieurs flux de données, codées au moyen d’un certain nombre de codecs et « encapsulé » dans des métadonnées qui en décrivent le contenu.
  • 23. H.264 est un codec de compresion vidéo numérique des images et vidéo haute définition à la norme MPEG-4, développé par le VCRG (Video Coding Experts Group) en partenariat avec le MPEG (Moving Picture Experts Group), aussi connu sous l'appellation AVC (Advanced Video Coding).
  • 24. Voir : http://www.fpdigital.com/
  • 25. Le Super DLT (SDLT) est une variante du DLT à plus haute.
  • 26. Technologie de bande magnétique qui utilise des cartouches d'un demi-pouce (1,27 cm) ayant une capacité de 10 à 70 Go. La technologie DLT a commencé à se répandre rapidement en 1995 et a largement été utilisée pour des réseaux locaux d'entreprises. (Source : Grand dictionnaire terminologique, Office québécois de la langue française.)
  • 27. Le 8 mm Backup Format est un format de bande magnétique de stockage de données utilisé dans les systèmes informatiques, lancée par Exabyte Corporation. Il est également connu sous le nom de Data8. De tels systèmes peuvent sauvegarder jusqu'à 40 Go de données selon la configuration. Les bandes utilisées sont mécaniquement les mêmes que les bandes utilisées dans le format 8 mm pour enregistreurs et caméscopes vidéo.
  • 28. René Paquet parle ici du Digital Data Storage (DDS), un format de stockage et de sauvegarde de données sur bande magnétique issu de la technologie Digital Audio Tape (DAT), initialement créé pour l'enregistrement audio. En 1989, Sony et Hewlett Packard ont défini le format DDS pour le stockage de données en utilisant des cartouches de bande DAT. Le DDS utilise une bande d'une largeur de 3,8 mm, à l'exception du dernier format, le DAT 160, qui utilise une bande de 8 mm de large.
  • 29. Le System/360 IBM, dévelloppé en 1964, a introduit ce qui est aujourd'hui généralement connu comme le 9 track tape (cassette à 9 pistes). Comme pour le format 7 track d’IBM qu'il a remplacé, la bande magnétique est de ½ pouce (12,65 mm) de large. (Source : Wikipédia)
  • 30. L'U-matic a engendré deux dérivés : le BVU (Broadcast Video Umatic) introduit en 1978 et le BVU Sp introduit en 1988. Ces dérivés avaient pour but d'améliorer la qualité de l'image.
  • 31. Ceci est réalisé par un Time Base Corrector, un appareil électronique utilisé pour corriger l'instabilité d'un signal vidéo durant la lecture d'une bande.
  • 32. Un condensateur est un composant électronique passif qui est constitué d’une paire de conducteurs séparés par un diélectrique (isolateur). Quand une différence de potentiel est appliquée entre ces conducteurs, un champ électrique se présente dans le matériau diélectrique. Ce champ stocke de l’énergie et produit une force mécanique entre les conducteurs. L’effet est plus fort quand il existe un espace étroit entre des conducteurs ayant une surface importante, et l’on appelle souvent les conducteurs de condensateurs des « plaques ». Des condensateurs ayant des applications pratiques sont disponibles dans le commerce sous de nombreuses formes. Le type de matériau diélectrique, la structure des plaques et l’emballage du dispositif influencent fortement les caractéristiques du condensateur, et donc ses applications.
  • 33. Le VHS, désigne une norme d’enregistrement de signaux vidéos sur bande magnétique de 1/2 pouce mis au point par JVC à la fin des années 1970. Sa diffusion grand public fut annoncée en 1976. Durant les années 1980 et 1990, le format VHS s’est imposé comme la norme de la vidéo grand public face à ses concurrents : le Betamax de Sony et le V2000 de Philips.
  • 34. Voir : http://www.ibc.org/
  • 35. Voir : http://www.tek.com/
  • 36. Le pinch roller est une roue en caoutchouc qui tourne librement et qui est généralement utilisée pour presser la bande magnétique contre le cabestan afin de créer la friction nécessaire pour conduire la bande le long de la tête magnétique (effacer, écrire, lire). (Source : Wikipédia)
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